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Full text of "L'extreme orient dans l'atlas catalan"

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L'EXTRftME-ORIENT 

DANS 

L'ATLAS CATALAN DE CHARLES V 

ROI DE FRANCE 
PAR M. HENRI CORDIER 



(Extrait tlu Bulletin He geographie hiitorique et descriptive. — 1896) 



PARIS 
IMPR1MERIE NATIONALS 



M DCCC XCV 



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L'EXTRfiME-ORIENT 

DANS L'ATLAS CATALAN DE CHARLES V, 



ROI DE FRANCE. 



I. — L' ATLAS CATALAN DE 1375 (1) . 

Parmi les tresors que contenait la bibliothfeque du roi Charles V, 
se trouvait un Atlas Catalan de I'annfo 1875. II est conserve au- 
jourd'hui dans la galerie Mazarine, a la Biblioth&que nationale, et 
porte Ic numero 119 du catalogue des manuscrits espagnols, r6- 
dige par M. Morel-Fatio. 

11 se compose de six planches de bois, dont chaque c6t6 est re- 
vitu de parchemin sur lequel est tracie la carte colorize et rehaussie 
dW et d'argent. II y a done en rialiti douze planches. 

Buchon avait fait sur ce venerable document un travail qui au- 
rait dft faire partie du lome XIII, a e partie, des Notices et exlraits 
des manuscrits de la Bibliothbque du roi. Quelques exemplaires de ce 
travail preliminaire existent encore ; ils sont devenus rares , et j'en 
ai eu connaissance grace a Tobligeance de M. Paul Meyer, qui 
s'etait procuri ce volume a la vente de Francisque Michel W. 

Buchon reprit son travail avec Taide de J. Tastu, et le fit enfin 

M Memoire lu a l'Academie des Inscriptions et BeUes-Lettres dans les stances 
des 9 et 16 fevrier 1896. 

& Notice sur un atlas en langue catalane de Tan 1376, conserve parmi les 
manuscrits de la Bibliotheque du Roi, par J.-A.-G. Buchon, membre de l'Academie 
royal e d'histoire de Madrid, in-4°, p. lk k. 



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— h — 

paraitre (l) dans la deuxieme partie du tome XIV des Notices et ex- 
traits, Imp. royale^, M DCCG XLI, in-/i°. 

Les planches lithographiques qui accompagnent le commentaire 
de ces savants sont plus que mediocres. 

M. de Santarem, dans sa magnifique collection de- cartes pu- 
blics en fac-simile a Paris en i84i, avait donne, dans la deiixieme 
partie de cet atlas, une superbe reproduction en couleur de la 
carte catalane. Elle est rare , par suite peu connue et fort chere. 

Enfin M. Leopold Delisle, dans le beau Choix de documents 
giographiques conserves a la Bibliothfeque nationale, public a Pa- 
ris en i883, donna une fidele reproduction heliographique des 
douze planches de r Atlas Catalan. C'est de cette reproduction que 
nous nous servirons dans le present travail ; nous la comparons 
d'ailleurs avec les lithographies de Buchon et avec Toriginal de la 
galerie Mazarine. 

Je n'ai Tintention dans cette eHude que d'etudier la partie de 
TAsie orientale, d£sign6e sous le nom de Cathay. 

Dans TAllas Catalan, le Cathay est fort bien delimite, ainsi que 
nous le montrons plus loin, page 9. 

Trois faits doivent se degager, je crois , de l^tude de cette por- 
tion de TAtlas Catalan : 

i° LTabsence de divisions de Tempire chinois en Cathay et en 
Manzi; 

2° Le systeme fluvial; 

3° La connaissance du voyage de Marco Polo qui a permis de 
reconstituer une cartographie ignore jusqu'alors^. 

W Notice d'un atlas en langue catalane, manuscrit de Tan 1875, conserve 
parmi ies manuscrit6 de la Bihliotheque royale, sous le n° 681 6 , fonds ancien, in- 
folio maximo; par MM. J.-A.-C. Buchon et J. Taslu. Paris, M DCCC XLI, in- 4°, 
p. i5a. 

W Les pays qui nous ocenpent sont marques pages i36-i/i6. 

W A rapprocher ce que (lit Yule, Marco Polo, I, p. 199. — The Book of Ser 
Marco Polo, the Venetian, Concerning the Kingdoms and Marvels of the East. 
Newly translated and edited, with Notes, Maps, and other Illustrations. By Co- 
lonel Henry Yule. . . Second edition. . . London : John Murray, 1875, 2 vol. 
in*8°. 



**^ 



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— 5 — 
II. — IMPORTANCE DE L' ATLAS CATALAN 

POUR L^TUDE DE L'ASIE ORIENTALE. 

Une chose qui frappe tout cTabord en examinant cette carte, 
c'est Tabsence du pays de Manzi : le nom seul de Cathay est 
marqu6. Or on sait que les voyageurs du xm e sifccle, comme 
Marco Polo, ou du xiv% comme Odoric de Pordenone, divisaient 
ce qui forme Tempire chinois actuel en un pays du Nord, qui 6tait 
le Cathay, en un pays du Sud, celui de Manzi. La comparison 
n'est pas tout a fait exacte, mais on peut rapprocher cette repar- 
tition de 1'Asie orientale en deux portions de cellc qu'a donnee 
Ptol6m6e de la Sirique et de la contr^e des Sinae. Marco Polo 
(chap, cxxnx, p. i55, ed. Soc. giog.) nous dit que le roi de la 
province de Mangi portait le titre defacfour et que son royaume 
fut conquis en 1968 par le grand khan Koubila'i; la capitale, 
Quinsai, tomba entre les mains des Mongols en 12176. La dynastie 
tartare Jftn, ^, apres avoir battu la dynastie chinoise des Soung, 5fj , 
avait mis leur capitale a^^, Yen King, pres du Pe-King actuel. 
Les Soung avaient ete obliges de descendre vers le Midi, et leur 
empereur, ft ^, Kao-tsoung (1127-1 162), transftra sa capitale 
de Pien-liang ff; ^§ , ou K ai-foung fou , dans le Ho-nan , k fa jty Jft , 
Hang-tcheou, dans le jijff $£, Tche-Kiang, en 11 29. La dynastie des 
Soung prit d£sormais le nom de ^3 5^^ Nan Soung, c'est-i-dire 
Soung m£ridionaux. Hang tcheoudevint gg 4£,Lin-ngan, et fut de- 
sign6 plus simplement sous le nom de <r la capitale r>, King-se , ^ gjjj , 
qui s'applique aujourd'hui a Pe-King; c'est le Quinsai de Marco 
Polo. 

Quand les Kin ou Tartares Niou-tchen , -£ J| , eurent ete depos- 
sedes par les Mongols, ceux-ci , en 1 264 , de Ho lin ou Kara Koroum , 
qui se trouvait situ£ prfes de la rive droite de TOrkhon, k TErdeni 
tchao, bien connu par les travaux russes et franc,ais, transparent 
leur capitale a Khan baliq ^JU ^U^, prfes de Yen-King, $fc 3j( , la 
capitale ancienne des Kin. La ville m^me de Khan b&Iiq ne fut 
construite qu'en 1267, au nord-est de la capitale des Kin. Manzi 
ou Mangi, §jg ^, etait done la Chine m^ridionale k i'epoque nion- 
gole, et son nom m£me Man, §£ , ou Man-tseu, §jg «^f, designait les 
Barbares d'une maniere g£n£rale. Les Chinois du Nord, du Ca- 
thay, k Tepoque des Kin el des Youen, % (Mongols), traitaient les 



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— 6 — 

gens du Sud de Barbares, repr^sailles des envahisseurs du Nord 
de Tappellation, qui leur 6tait donn£e par les Chinois du Midi, de 
Pe tai, ^b tsfc* f° us du Nord. Ce nom de Manzi ou Mangi est sup- 
prim6 de l 1 Atlas Catalan; il ne reste plus que le nom de Cathay. 
II est vrai qu'au moment 011 1'atlas a eti dress6, la dynastie mon- 
gole des Youen, affaiblie depuis de longues annees, avait 6te obli- 
gee, en i368, de ceder Tempire a la dynastie purement chi noise 
des Ming BJj , qui choisit d'abord sa rapitale an centre m6me de 
Tempire, sur le Kiang, f£, a Kiang-ning, $£ j£, qui devint la ca- 
pitale du Sud, Nan-King, ^If j£. Ge nom de Cathay, si populaire 
au moyen Age (il vient de la dynastie tartare des Ki-tan, |g #, ou 
Liao, j§), allait &tre perdu bientot pour TEurope qui lui rendra 
le nom de Chine. Ce nom de Cathay sera pendant quelque temps, 
el par erreur, applique, au xvn* siecle, au Tibet, lorsque le Pere An- 
lonio de Andrade aura, en 162 4, ecrit sa relation. Cathay ne res- 
tera que sous la forme de Kitai, KhtAh en russe, Knoliot, en grec 
et ^Uai* (turc Khitdi) dans les langues musulmanes. 

Cet exemple de Kitai', qui s'est conserve chez les Russes, et chez 
les peuples d'Europe qui ont connu la Chine par la haute Asie, 
c'est-i-dire par les ^C lil> T'ien chan, est une indication precieuse 
qui n'est pas isolee de Timportance de la philologie pour etudier 
Thistoire des rapports, aussi bien politiques que commerciaux, de 
rExtrfone-Orient avec les autres nations. Ainsi, le the, cette plante 
si a la mode dans I'Europe occidentale, depuis lexvii* siecle, nous 
est connu par la prononciation te en usage dans le sud de la Chine V 
et en particulier dans la province du $g jft, Fou Kien, ou elle 
croit en abondance et est d'excellente qualite. Les Busses qui con- 
naissent le the par le Nord lui ont conserve la prononciation des 
provinces septentrionales, ^£, tcKa, et Tappellent iaii et les Grecs 
laai. Le nom tcha de la mime plante au Japon indique que les 
habitants de Tempire du Soleil levant ont, malgre leurs noni- 
breuses relations avec le Fou Kien , connu le the par le nord de la 
Chine, probablement par la Cor^e. Ainsi les Chinois des Indes neer- 
landaises ne donnent pas k leur patrie d'origine le nom de Tchoung 
Kouo, 4» S > empire du Milieu, mais celui de T'ang chan, $£ jjj , 
montagnes de T'ang, nom de la dynastie illustre qui regna du 
vii* au x e siecle de notre ere,ce qui, entre parentheses, semblerait 
demontrer que les Chinois ont emigr£ dans les iles de la Sonde 
beaucoup plus t6t qu'on ne le pense generalement. 



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«Les Chinois s'etablirent a Java pendant la dynastie des Tang 
(618-92/iaprfes J.-C), suivant les documents officiels r£unis par 
ordre de Tempereur K'ang-hi , en 1696, par Kiang-fan, membre 
du college des Han-lin et president du Ssz-y-koan (voir Mimoires 
sur let Chinois, par les Jesuites de Peking, XIV, io3). lis se nom- 
maient eux-m&nes Tang-jin, J|£ ^A., trsujets des Tang», et, en 
consequence, leur pays d'origine devint connu comme la «Terre 
frde Tang a, J|£ |X| - Cette designation s'est r^pandue de Java dans 
les provinces de Fou-kien et de Canton, ou Texpression est 6gale- 
ment employee par les indigenes; je doute toutefois que le nom de 
Jif* ill) P<> ur ta Chine, soit usite dans les autres provinces de la 
Chine. Dans les colonies neerlandaises, ce caractfcre J£ esttr&sem- 
ploy6 ; une jonque chinoise est appel^e Jgl #{£ ; un nouveau venu 
de Chine est nomm6 Jjc ^£, <rh6te (de la Terre) de Tang*, etc.* 
(G. Schlegel, dans Notes and Queries on China and Japan, vol. II, 
1868, p. 78.) 

Un autre fait int6ressant, c'est la mani&re dont tous les cours 
d'eau de TAsie orientale se reunissent en un seul point commun 
au-dessus de Pe-King. Les habitudes cartographiques de T6poque, 
le trac6 negligent des cours d'eau, Toubli de montagnes sou vent 
considerables, donnaient a Thydrographie et a I'orographie du 
temps des rfeultats impr^vus. Dans Tespfece, le g6ographe Catalan 
avait £tudi6 avec soin ses auteurs. Marco Polo avait, en effet (Pau- 
thier, p. 532-533), fait une allusion au transport de la porcelaine 
jusqu'a Zaitoun. Ibn Batoutah est encore plus explicite : crll s'est 
embarqu£, dit-il (IV, p. 271), a Zaitoun et il pria wle chef du con- 
ffseil d'envoyer avec [lui] quelqu'un pour [le] conduire au pays 
crde Sin-assin, que ces peuples appellent Sin-Calan (Canton) d; 
plus loin, le voyageur raconte (ibid., p. 2 83) trqu'il voyage par 
riviere jusqu'a Hang-tchcou (Quinsay)*. Cest qu'en effet la na- 
vigation int6rieure de la Chine est extrfonement d6velopp£e, sur- 
tout dans les provinces de Fou-Kien et de Tche-Kiang, et notre 
cartographe n'a fait que donner une forme graphique aux id6es 
puisnes dans les recits qu'il lisait, en supposant que des riviferes, 
dont les embouchures £taient aussi considerables que celles de Sin 
Calan, de Zaitoun, de Quinsay, etc., devaient se rencontrer 
quelque part dans Tinterieur. A une epoque plus r^cente, nous 
avons fait des fautes au moins aussi grandes dans nos relev6s hy- 
drographiques du continent africain. II oubliait ou ignorait plutAt 



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— 8 — 

['existence de la grandc chalnc nieridionalc j£ |Jj , qui donne un 
caractere si special et une direction toute particuliere aux cours 
d'eau du Tche-Kiang, du Fou-Kien et du Kouang-toung. 



III. — NECESS1TE D'UNE NOUVELLE ETUDE 

DE LA GEOGRAPHIE DE L'ASIE 

DANS L'ATLAS CATALAN. 

Buchon et Tastu ne sont pas heureux dans leurs Etudes de geo- 
graphic orientate; a proposde YYssicol de la carte, qu'il transcrit 
Issi-Kol, Tastu nous marque dans une note, p. i3a : « Aujourd'hui 
le lac Balkhac, dans le pays des Tourgouts, au nord de la petite Bou- 
kharie ( Chine). * Con fond re le Balkhach avec Tlssik-koul est une bien 
grosse erreur, m&me pour i'epoque k laquelle Tastu 6crivait. L'Ex- 
tr£me-Orient n'est pas etudie ; une vingtaine de noms sont identi- 
fies, et il n'y en a guere que deux ou trois qui le soient exactement, 
et parmi eux Peking! Chercher Siam a Cincalan, Cambodia a Ciutat 
de Camay, Canton a Zayton, ne peut <Hre excuse que chez des gens 
qui He sont ni geographes, ni orientalistes. Tavoue qu'il y a de 
grandes difficultes dans l'6tude des noms de cette partie de TAtlas 
Catalan, et j'aurai Toccasion -de le montrer plus loin; une de ces 
difficultes se trouve dans le fait que parmi le plus grand nombre de 
ces noms qui sont chinois, et presque toujours m6connus, se ren- 
contrent des designations arabes, comme Cincalan et Zayton, mon- 
goles, comme Chambalech. Les Portugais remplacerent ces noms 
etrangers qu'ils ignoraient par les noms chinois qu'ils estropiferent 
souvent, t£moin Canton, et comme ils avaient, avec juste raison. 
confiance dans les voyageurs europeens du xm e et du xiv e si&cle, 
dans certaines de leurs cartes du xvi e si&cle, marquant Canton ou 
Cantam, Tsiouen-tcheou ou Chin cheo, ils rel£guerent dans le haut 
des cartes, dans des endroits indetermin^s, les Cincalan, les Zai- 
toun, etc., qui les gfoiaient ou faisaient double emploi. 

(Test Marco Polo qui sera naturellement la source principale a 
laquelle on puisera non seulement pour 1' Atlas Catalan, mais m£me, 
apres les decouvertes portugaises, dans les atlas plus modernes. 
Ortelius 6crira encore dans sa carte : 

Tartariae swe Magni Chami typus 



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Japan insula, a M. Paulo 
Veneto zipangri dicta, 
olim Chrijse, a Magno 
Cham olim hello petita 
sedfrustra 

mais il ne penserapas que Zipangri, ou mieux, suivant les bonnes 
lectures, Zipangu, n'est pas autre chose que ;fc |9 , Je-peun 
kouo (le royaume du Soleil levant), par consequent une simple 
transcription phonetique du sud de la Chine, probablement du 
Fou-kien, e'est-a-dire la in3me chose que Japan, Ja pon, Je peun, 
7JC, Je peun, en japonais Nippon. Nous retrouverons Marco Polo 
cite dans la m£me carte d'Ortelius au sujet de YOceanus Scythicus. 

Je ne sais pourquoi, r^cemment, M. George Collingridge a rou- 
vert une question qui semblait d^finitivement enterr6e : de Zipan- 
gou, il fait Java et les iles qui la continuent a Test (1 l II n'a r<5ussi 
qu'i s'attirer de vertes r^pliques de M. F. G. Kramp^, d'Ams- 
terdam, et de M. H. Yule Oldham W dans le Geographical Journal 
mime. 



IV. — TEXTE DE L' ATLAS CATALAN 

RELATIF A LA GKOGRAPH1E DE LASIE ORIENTALE. 

Dans l'Atlas Catalan, le Cathay est fort bien delimite : il occupe, 
dans les planches XIX et XX de la publication de M. Leopold De- 
lisle M, presque toute la partie inf&rieure. La mer, dforivant une 
vaste courbe remontant vers le nord, forme les limites sud, sud- 
est et est; au nord se trouve le pays de Gog et de Magog; au 
nord-ouest, le pays des Pygmies; enfin, a Touest, un grand fleuve 
qui sera notre point de depart. On lit en gros caractferes sur la 

t 1 The Early Cartography of Japan. By George Collingridge (Geographical 
Journal, May, 1896, p. h 03-/109). 

^ Japan or Java? an Answer to Mr. George Collingridge's Article on «The 
Early Cartography of Japan n. By F. G. Kramp. Overgedrukt uit het <rTijdschrifl 
van het Koninklijk Nederlandsch Aardrijkskundig Genootschap, Jaargang 1896?). 
Leiden, E. J. Brill, i8gA,in-8°, p. ik. 

^ The Early Cartography of Japan. By H. Yule Oldham (Geographical 
Journal, sept. 189A, p. 976-979. 

(4) Marquees 1 et 9 dans le present me'moire. 

M. Gordier. ' a 



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— 10 — 

eontree, vers le nord-est : Catayo. Ce pays de Cathay est arrose 
par six fleuves qui se reunissent trois par trois en deux cours 
d'eau principaux, qui se rejoignent enfin au dela de la capitale 
Khan-baliq. Ce systeme fluvial forme une espece de vaste triangle, 
dont la base courbe est la mer, les deux cdtes, deux fleuves, au som- 
raet duquel se trouve la l^gende de la capitale : 

[XX] Cjuitas de 

chanbaleck magni 
cants catdyo. 

Buchon, p. i43, marque Ciutat de Chanbalech, Magni Cants Ca- 
tayo. 

Sur la rive droite du grand fleuve de l'ouest, qui est, comrae 
nous Tavons dit, notre point de depart, nous lisons : 

[XIX] Finis Indie 

dont ie dernier pays, toujours sur la rive droite, est Janpa (XIX, 
B., p. i36). 

Sur la rive gauche du m£me fleuve, a une certaine distance de 
Fembouchure, on trouve (XIX, B., p. i4a) : 

Chianuy, 

puis, sur Ie bord de la mer (XIX, B., p. iAs), non loin de 
Tembouchure du grand fleuve, une ville importaute |3> atec ' a 
l^gendc : 

Cjutat de cayna [3 

acj finis catayo. 

Au sud, juste en face (XIX, B., p. 187), une He : 
Caynam. 

Plus au sud encore que Caynam, au-dessous (XIX, B., p. 137): 

Insula nudo2f 
in q* holes t muliSrs 
portdt vnu/olum 
ante 1 ret aUmm. 



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— 11 — 

B., p. 137. Insula nudorum, in qua homines 
et mulieres portant unum folium 
ante et retro aiium. 

En suivant la cote a Test, on rencontre ensuite (XIX) : 

ermjnjo J3 

ciujtas. B., p. 163. 

Puis un fleuve qui se r<$unit a deux autres a (XX, B., p. i£3, 
marque par erreur f Siarsian -n ) 

Siarsidu. 

A 1'ouest, XiX, B., p. i36 : 
Ilia Iana 

avec les designations : Regio Femnarum, Malao, Auzul, Semescra; 
puis, le long des c6tes occidentales : 

En la ilia Iana ha molts arbres leny ayloes, camphora, sandels, 
species subtils, garenga, nou moscada, arbres de canyela, laqual es pus 
preciosa de qual se vol altra de tola la India ; e son axi mateix aqtii 
tnacis efolii. 

Au dela de ce fleuve (XIX, B., p. lia) : 
Cincalan. 

Puis, en suivant la c6te (XX, B., p. 162): 
Canyo. 

Entre Cincalan et Canyo, B., p. i&q, marque 
Nepul. 

Ce mot ne figure pas dans l'atlas h61iograve ; j'ai consult^ 1'ori- 
ginal : le mot se trouve sur la tranche de XX ; on lit avec difficulty 
des traces de . .pol; il n'est done pas £tomiatit que la photogra- 
phie n'ait pu rendre ce mot. 

Apres Corny*, au feudd'uu golfe (XX„ B., p. i4») : 

Ciutat de J3 
Cansay. 



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— 12 — 

Un fleuve, 1111 des deux grands; celui-ci en regoit deux autres a 
Siarsidu (voir supra); a son embouchure, sur la rive gauche (XX, 
B., p. 1/12): 

Tapitiguj. 

Devant ie golfe, une serie d'iles (XX, B., p. i38), avec la le- 
ge nde : 

En la mar de les indies son illes 
j 5 A 8. delsquals no podem resp 
ondre assi les marauelozes cozas 
quj son en eles tor t dergent 
z despecies t de pedres pecoses. 

Juste au-dessous de ces ties (XX, B., p. 1 38), au large, sur- 
uionianl un monstre a corps de fenime et a double queue de 
poisson, dont il tient chaque extrfonite dans ses mains Vendues, 
Tune a droite, Tautre a gauche : 

Mar de les illes delles indies hon son les 
especies | enlaqual mar nauega gran nautili 
de diuerses gens | e son act atrobades \ iij 
natures de peix quj sapeUen Sarenes la 
vna q es migafembra emiga peix | 
e laltre miga | fembra e miga aucell. — 

A Test de cette sirfene, la grande He (XX, B., p. 1 38 ) 
ILLA TAPROBANA, 
sur laquelle je reviendrai tout a Theure. 

Je reviens a la c6te ; aprfes 
Tapinguj, 
je trouve (XX, B., p. i&a) 
Fogo. 

Entre Tapinguj et Fogo, dans Tint^rieur des terres, entre les 
deux fleuves, dont Tun part entre Cansay et Tapinguj, et 1'autre 
entre Fogo et Zayton, la ville (XX, B., p. 1&2) de 

Cjnguj. 



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— 13 — 

Aprfes Fogo , le grand fleuve qui baigne une vilie considerable 
(XX, B., p. i&a), sur un golfe, 

Zayton, J3 
aver, en travers, 

Ciutat de Zayton. J3 

La cdte forme ici une courbe vers le nord ; a la panse me* me 
(XX, B., p. i&a) 

Mingio. j3 

Puis, un golfe avec 

Fusam. 

Dans Hnterieur, entre Mingio et Fusam, 

et au-dessus de Fusam, 

Caysain, sur un fleuve. 

Nous reprenons le littoral ; au nord du golfe de Fusam , et apres 
avoir traverse le fleuve qui baigne Caysam, nous arrivons a 

Caxum (B., p. i/i3). 

Puis, un fleuve qui rejoint le prudent, et sur sa rive gauche, 
a son embouchure dans la mer, 

Fugio (B.,p. i43). 
Ensuite, 

Jangio (n'est pas indiqu£ dans Buchon) 

a Tembouchure et sur la rive droite d'un fleuve qui se r6unit a la 
riviere situ6e entre Fusam et Caxum, pour former un seul court* 
d'eau a Chanbalech. 

Sur la rive gauche de la riviere de Jangio, je note successive- 
ment : 

Ciutat de Cjngu (B., p. i43) 
et 

Santo (B., p. i43), 

et nous parvenons enfin a 

Chanbalbch (B., p. i&3), 



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— 14 — 

la capitate dans laquelle se rencontrent les rivieres de Caysam 
(grossie de celle de Fugio) et de Jangio. 

Entre la riviere de Fugio et celle de Jangio, on lit, en grosses 
let ires : 

CATAYO(B., p. 160). 

Le cours d'eau forme des rivieres de Caysam et de Jangio, apres 
avoir baigne, sur sa rive droite, 

Quiafu(B., p. 1 43) au deli de Chanbalech, 

rencontre, plus loin, un second fleuve qui n'est autre que celui 
qui est forme de trois rivieres que nous avons d6ji signages : 
i° entre Ermjnjo et Cincalan; 2° entre Camay et Tapinguj; 3° au 
golfe de Zayton, qui se reunissent h 

Siarsidu (B., p. i43). 

Nous notons en remontant, presque jusqu'a son extremity, le 
tleuve de Tapinguj, au large, sur la rive gauche, en face de Quiqfu, 
prta de Timage du grand Khan : 

Chayaufu. 

A la limite du Catay, entre Chanbalech et la mer, au-dessus du 
lleuve de Santo, on lit (B., p. i44): 

Sapiats q de costa la ciutat de chambalech auja vna gran ciutat anti- 

[gamtt 
(j auja ntfia guaribalu \ eio gra cha troba p le$tornomia q a questa 

[ciutat se 
devja reuelar cdtra el axi qfeula desabitare feu fer aqui esta cuUat de 
Chabalech. E a enuiro aquesta ciutat xxmj . legues \ e es molt ben mu- 

[rada 
e es a cayre si qa cascun | cayre ha. vj . legues \ e ha dalt xx passes. 

\ex 
passes de gros | E ay xn . portes e ay 1 gran lora 
en q sta vn seyn q\ sona ap u son abans J axi pus 
ha sonat no gossa anar negu p villa | e a cascuna 
porta guarden mill homes no p temissa 
mas p honor p d'l Senyor. 



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— 15 — 

Dans le triangle des fleuves qui arrosent Zayton, (Tune part, et 
Caysam, de Fautre, nous avons d6ja cit6, entre ces deux villes : 

Mingio (B., p. 1/12) et Fusam (B., p. 1/12). 

En remontant vers le sommet du triangle ou se trouvent Chan- 
balech et Quiafu, on trouve derriere Mingio: 

Fuguj (B.,p. i&a), j3 

dont nous avons dijh parte, puis ensuite (XX, Buchon, p. i63), 
Cinganar, Cugjn |3 et Yngvano; 

puis, a la hauteur de Siarsidu, 
Venlinfu. {3 
Apr&s , 

Enfin, plus rapproche de Chanbalech, dans le triangle, 

Nous avons maintenant & examiner la carte entre Chanbalech et 
la frontiere, riviere qui nous a servi de point de depart : 

Finis Indie. 

A gauche de Chanbalech et de Chayaufu, d6j& cit6e, se trouve 
Timage du Grand Khan, surla t£te duquel on lit (XX, B., p. t&i- 
i4a): 

Lo maior princeps de tots los Tartres 
ha nom holubeim | j uol dir gran Ca | 
A quest emperador es molt pus rich 
de tots los altres emperadors detotlo 
mon J aquest emprador guarden xn mil 
caualles \ z han mj . capitans | aquels ab 
xn . mittia caualles | e cascu capitan va 
en la cort absa copaya per nj meses 
de Vany | e axi dels altres per orda. 

Entre cette l^gende et Canyo sur le bord du fleuve, la viile de 
/oltm(B., p. i4i). |3 



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— 16 — 

Les noms que nous marquons main tenant se trouvent sur la 
planche XIX ; nous ne prenons que ceux qui rentrent aujourd'hui 
dans notre etude. 

La vilie la plus nord est 

Elbeit (B.,p. lit). 

Au-dessous, h droite, 

Chancjo (B., p. i&i). 

Un peu au-dessous , a gauche , 

Carachora (B., p. 161). 

Au-dessous de ces deux noms, une bande de grues livreni un 
combat a trois pygmies ; sur leur droite . on lit : 

Piginea ( B. , p. i k 1 ) , 
et sous les pygm6es combattant, une longue legende : 

Ad nexen horns pocks quj no han sino. v palms (Flocks 

e jassia q sien pocks \ e no aptes a fer coses greus \ ells empo son | 

[forts aptes 
a texir t guardar bestiar | E sapiats q aquets homis con son de xu anys 
de aqui auant engenren \ z entro a xl anys comunamBt ujuen \ e no 

[han 
prospiatat \ E ualentament se defenen de les grues | r les prenen e les 
menjen | Acyfeneys la terra del senyor de catayo. 

Au-dessous (B., p. 1/12) : 

Aocjam et Calajan ; 
puis, au-dessous, a gauche, 

Pzaedadain , 
et enfin nous redescendons sur le fleuve Finis Indie a 

Ckianfuy, deja cite (B., p. i4i). 

Nous aurons termini notre description en revenant planche XX , 
et en examinant dans le bas, dans le coin a gauche, dans Tocean: 

ILLA TAPROBANA (B., p. i3 9 ). 



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— 17 — 
Kile est surmonte> de la longue legendc suivante : 

La ilia trapobana \ aqucsta es appellade p los tartres 
magno caulij derrera de oriit \ en aquesta ilia ha gens 
de gran difencia de les altres \ En alguns muts de aquesta 
ilia ha homes de gran forma, co es de xu . coldes \ axi 
com d gigants \ z molt negres | z no usants de raho 
abans menjen los homes blanchs estrays silspodn 
auer | In aquesta ilia ha cascun any . ij estius z ij 
jnerns | z dues uegades layn hi forexen les arbres 
z les herbes j z es la derera ilia de les indies | z ha 
bunda molt en or z en argent | z en pedres precioses. 

Dans Tile m^me, un roi assis avec un elephant surmonte d'une 
tour a sa gauche. 

En suivant le littoral, on trouve en haul, a droite, les villes 
(B., P . i3 9 ): 

Melaro , 
Dinloy. 

lei, un fleuve coupe Tile en ligne droite, du haut en bas : 
Menlay, 
sur un autre fleuve presque paralleie au prfo&ient. 

A gauche, toujours sur la cote: 

Hormar, 
Leroa. 

Et enfin, en bas, toujours sur le littoral et entre les deux 
fleuves cit6s, une ville sans nom, k moins que la llgende suivante 
ne s'y rapporte : 

Aquesta cjutat 

es deserta per 

serpites. 

Au-dessus de cette legende qui s'y rapporte peut-eHre, la ville 
de 

Malaoy 

dans I'int&rieur, entre les deux fleuves. 

M. Gordier. 3 



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— 18 — 

Enfin, au-dessus $e la Taprobane, dans la mer, en face de 
Fusam, deux hommes nus se livrent a la p&che a la main : Tun, 
debout, tient un poisson de la main droite, et indique, de la main 
gauche, a son compagnon, penche en avant, un poisson qui lui 
passe sous les pieds; au-dessus des deux hommes, la l^gende (B., 
p. i4o) : 

Aquesla gent son saluaiges 
\ q uiuen de peyx cruu z beuen 

de la mar | z van tots nuus. 

Nous avons de la sorte releve tous les points et toutes les le- 
gendes de la portion qui nous interesse de la carte catalane ; nous 
allons main tenant chercher a les identifier ou a les expliquer. 



V. — COMMENTA1RE GfiOGRAPHIQUE. 



ITJNERAIRES DE MARCO POLO. 

ITINERAIRE DULLER. 

Marco Polo yient de Samarcande, c'est-a-dire de fouest, tra- 
verse la cite de Lop, en route pour Khan-baliq; ses deux derniers 
chapitres, avant de parler des grands (aits du Grand Khan : Devise 
de la province de Tanduc et des descendants du Preslre Jehan, et Devise 
de la cite de Ciandu. 

Notre reproduction de Tafias ne nous donne ni Ciutat de Lop, B. , 
p. i3a, ni Tanduch, B., p. i34, qui sont places plus haut. 

Avant d'arriver a Khan-baliq, Polo passe a Kara-Koroum : 

Carachora (B., p. 1 4 1)^ Kara-Koroum. 

rrCaracoron, dit Marco, est une cite qui dure trois milles, la- 
quelle fu la premiere cite que les Tatares orent, quant il issirent 
de leur contrees. Et si vous dirai ioute la maniere quant il orent 
seigneurie premierement. » 

Tchinguiz $ ^ JgL ff (ffi g£ jft Te-mou-tchen ) declara, en 
1921, Ho-lin, ft $; (Kara-koroum), capitate de ses £tats en Tar- 
taric; au printemps de Tannee 1235, Ogotai fit construire des 



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— 19 — 

murailles autour de Ho-iin. Ho-lin ou Kara-koroum se trotive a 
I'Erdeni Tchao, prfcs de la rive droite de 1'Orkhon, entre ce fleuve 
et le Kokchin [ancien] Orkhon. Abel R6musat s'est complement 
tiompe en placant cette ville plus au nord et sur 1'autre rive de 
TOrkhon, a Kara balgasoun, capitale des Ouigours. Of. Situation de 
Ho-lin en Tartarie, raanuscrit in&lit du P. A. Gaubil, S. J., public 
avec une introduction et des notes par Henri Cordier. . . Extrait du 
Toung-pao, vol. IV, n° 1. Leide, E.-J. Brill, 1893, in-8°. 

Chancjo (B., p. i4i)= Kan-tchbov , *(f 'J+j, capitale de la province 
chinoise de Kan-sou. 

crCampicion, dit Marco Polo, si est une cit£ qui est en Tanqut 
raesmes; et est moult grant cit£ et noble. Et est chief et seigneur 
de toute la province de Tanqut. Les genz sont ydolatres et sarrasins 
etcrestiens; lesquels crestiens ont en ceste cit6 trois eglises belles 
ot grans ; et les ydres ont maint moustier et maintes abbaies selonc 
leur usance...') 

La grande route de Kan-tcheou k Pe-king passe par Lan-tcheou , 
Hf ffl , capitale de la province actuelle de Kan-sou; de Lan-tcheou , 
elle passe k P'ing-liang Fou, £p JjgT, k Si-ngan, |f jj£, Ping-fan, 
2p ;$, Tai-youen, :fc J!g, et Pao-ting, % j£. 

Tanduch (B., p. aoo). 

pfTanduc, dit Marco Polo, est une province vers levant en la- 
quelle a villes et chasteaux assez. Et sont au grant Kaan, car touz 
les descendans du prestre Jehan sont au grant Kaan. La maistre 
cit6 nomme Ten Tanduc. Et de ceste province en est roy un du 
lignage au prestre Jehan. Son nom est Jorge; et tient la terre 
pour le grant Kaan , mais non pas toute celle que tenoit prestre 
Jehan ; mais aucune partie. Mais je vous di que toutefois ont eu , 
ses roys, du parents au prestre Jehan, des filles et du lignage des 
grands Kaans pour fame. y> 

J'ai dit dans mon Edition d'Odoric de Pordenone, p. 444, la posi- 
tion que je croyais pouvoir donner au Tenduc sur la route de 
Touest a Khan-baliq., c'est-i-dire plus au sud que Tai-youen, 
% Jjg, vers Ping-yang, Zfi |5§, dans le Chan-si, tfj "B- 

II faut avouer que Titin^raire nous fait prendre des detours' 

3. 



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— 20 — 

impr£vus pour arriver a Cinganar, car nous remontons au nord du 
Chan-si , ce qui confirme ma theorie sur la situation du Tenduc. 

Cinganar (B., p. i34)= Tchagan Nor. 

(Test encore une etape de Polo sur cette route : <r Or nous parti- 
rons de ceste province [Suydatui et Ydifir] et irons trois journe>s 
avant. Et apres ces trois journeys Ten treuve une cite* que Ten appelle 
Cyagannor en laquelle a un grant paiais, qui est ou grant Kaan, 
car il demeure en cest paiais moult volentiers, pour ce que il y a 
lacs et rivieres assez la ou demeurent ses nes. Et si y a de moult 
de manieres d'oysiaus assez. Et aus plains a grues et perdris et 
fesans et autres oisiaus a grant plants, si que, pour le grant oiseleis 
y demeure le seigneur plus volentiers pour son delic. II oisele leans 
aus gerfaus et faucons de quoi il a grant soulas.* 

Cinganar c'est Tchagan Nor, dont les ruines (Ville blanche, 
Tsagan Khoto) se trouvent pres de Koukou Khoto (Ville bleue), le 
Kouei hoa tcheng, $g ft jjg, de la route de Lan-tcheou par Ning 
hia. 

Enfin Polo arrive a la capitale par Ciandu, le Chang-tou des 
Mongols , amplement decrit par Yule et dans mon Odoric. 

ITINBRAIRE DK L'OUKST. 
TcHO-TCHROV, ffi Jf|. 

Marco Polo est envoye en mission vers Touest : *Et sachiez que 
le seigneur manda ledit messire Marc Pol, qui tout ce raconle, 
par son message en la partie de ponent. Et se parti de Cambaluc 
et ala bien quatre moys de journeys vers ponent. Et, pour ce, 
vous conterai tout ce que il vit en celle voie, alant et tournoiant^ 

QuHtant Khan-baliq, il franchit le fleuve de Poulisanghins dont 
le pont est cel&bre; se dirigeant vers le Chan-si, il traverse le Tcho- 
tcheou du Tche-li, qui ne me parait pas marque* sqr notre carte. 

Polo continue et passe a Tai-yuen fou; il repasse a Ping-yang, 

dans le Chan-si , dont j'ai deja parle\ 

# 

Caxum. 

En quittant Ping-yang fou, Polo se rend au « Noble chasteau de 
•Catay *, Caycuy, Caichu , <r lequel fist faire jadis un roys de celle con- 



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— 21 — 

tree, que Ten clamoit : trie roy d'Or* ouquel chaste! a un moult 
grant paiais et bel». 

Ge rroy d'Orw, c'est-a-dirc le roi de la dynastie des Kin, j£, 
ehass6 de Yen-king, dans lc Tche-li, transfera sa capitale a Pien 
King, ou Pien-liang, dans le Ho-nan, qui n'est autre que la grande 
ville de KYi-foung fou ^ §f $f . 

Caysam = Ho-tchoung fou, fcf pf* fft = Pou-teheou fou, ^f jj\ }ft 
dans le Chan-si. 

C'est le Gacianfu et le fleuve Garamorani de Marco Polo. Le 
Caramorani, Kara Mouren, riviere noire des Mongols, est le 
fleuve jaune, Hoang-ho, desChinois. 

Quid-fu = Sl-NGAN FOU, W 3? jfif- 

rrEt quant Ten se part de la cite" de Gacianf[u], dit Marco Polo, 
que dit vous ay deseure, se Ten chevauche huit journeys par po- 
nent, Ten treuve citez et chasteaux ou il a assez de marchandises 
et de grans ars et mains beaux arbres et jardins et beaux champs 
touz plains de mouriers : ce sont les arbres de quoy vivent des 
feuilles les vers qui font la soie. Les genz sonttuit idolastres. II y a 
chacjoison et ozeloison assez de toutes manieres. Et quant Ten a 
chevauchie ces huit journeys que je vous ai dit, adonc si treuve Ten 
cestc grant cite que je vous ai dit, de Quengianfu, qui est moult 
grant et belle; et est chief du royaume de Quengianfu, qui an- 
ciennement fut nobles royaumes et riches et grans; qui jadis ot 
pluseurs grans rois riches et vaillans; mais orendroit est roys un 
sires, le filz au grant Kaan, qui Manglay est appellez; car ii li a 
donne* ce royaume et Ten a couronn6 a roy . . . d 

ITIN&RAIRE DU SUD-OUEST. 

Elbeit = Tibet, 

Inutile d'entrer dans les details donnas par Marco Polo et Odoric 
qui allongeraient ce m6moire sans profit. 

Jatun= Gaindu = Nixg- youbn, $ j§j; Jfa. 

Venant du Tibet, Marco Polo arrive a Gaindu, et, quittant cette 
ville pour Garajan , traverse la riviere Brius. Pauthier voit dan* ce 



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— 22 — 

fleuve le *t f£ , Nou-kiang, ou \% j£ , Lou-kiang, sur lequel il fait 
une longue dissertation pourchercher le fleuve de Birmanie auquel 
il se rapporte. Yule etablit (M. Polo, II, p. 57-58) ainsi I'itinlraire 
de Polo : Tching-tou, Ya-tcheou, Ning-youen, Ta-li, ^t 51 $f ; ' e 
Tibet de iMarco Polo commence pres de Ya-chan. Hosie ( Three years 
in Western China, p. 112) intitule hardiment son septieme chapitre : 
De Caindu a Carajan, et se rendant de Ning-youen a Ta-li , il traverse 
le Brius, dont il fait le Kin-kiang ou Kin-cha kiang (haut Yang-tse 
kiang), ainsi que Yule, II, /. c, p. 5i. Yule cherche le nom de 
Caindu ou Gheindu, pour la derniere syllabe, dans do tibetain, 
Auufo, Toiamdo, et la premiere dans Kien, corame dans Kien- 
tchang. 

Calajan = Karajan = Province chinoise du Yvn xan. 

Marco Polo dit : « Quant Ten a passe ce flun adonc treuve Ten 
et entre on en la province de Caraian qui est si grande qu'il y a 
.vij. reaumes; et est vers ponent, et sont ydres et sont au grant 
Kaan. Mais un sien filz en est roys, qui a nom Essantemur, qui 
moult est grant roys et riches et puissant; et maintient bien sa 
terre en justice; car il est sage et preudomme.* (Pauthier, p. 387- 
388.) 

Quand nous avons traverse ce fleuve, le Brius, ou mieux le $£ , 
Kiang, nous penetrans dans le Yun nan (Carajan). 

Aocjdm= Vochan = Young tch'ang, jfe ^ Jff . 

Marco Polo marque qu'il met cinq jours de la riviere Brius a la 
capitale de Carajan (Yun nan), qu'il appelle Jacin et Yachi, sui- 
vant Pauthier et Yule. Ce dernier en fait Yun-nan fou, le premier 
Li-kiang fou. Le lac de Yun-nan fou et les autres raisons donnees 
par Yule me font adopter sa maniere de voir. Puis il arrive dans 
Zardandan, dont la capitale est Vochan; c'est la ville de Young 
tch'ang, jfc ^ , sur la route de Tali a Bhamo par Teng yueh T'ing, 

mmm- 

Perzaedadain — Zardancban. 

Cest le Zardandan de Marco Polo : « Quant Ten est parti de 
Caraian et Ten chevauche .v. journeys par ponent, si treuve Ten 
une province que Ten- appelle Zardandan. II sont idolastres et 
sont au grant Kaan. La maistre cite si a nom Vocian. Les gens de 
ceste contr6e si ont Unites les dens dories; c'est que chascun a 



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— 23 — 

couvcrtes ses dens (Tor; car il font une forme (Tor faite en la ma- 
niere de leur denz et cueuvrent leur denz de celle fourme; etaussi 
les denz desseure corarae celles dessouz. Et ce sont les hommes et 
non pas les femmes ; car les hommes sont tuit chevaliers selonc 
leur usage; et ne font riens fors que aler en Tost, el aler chacier 
et oiseler. Les dames font toutesleschoses, et leur esclaz qu'il ont 
conqueste d'autre part ; et leurs femmes font toutes les besoingnes. 

tr Et quant leurs femmes ont enfant£, si la vent f enfant et IVri- 
veloppent en draps, et de maintenant se lieve et va faire son ser- 
vice ; et le mari entre ou lit et tient Tenfant avec lui et gist ainssi 
.xl. jours; et touz ceus, amis et parens, le viennent veoir. Et li fonl 
grant joie et grant soulaz. Et ce font il pour ce que il dient que la 
femme a endur6 grant travail; si est raison que rhomme sueffre 
aussi sa part.') (Pauthier, p. 397-899.) 

On remarquera cette dernifcre coutume si bizarre, jadis en usage 
dans le Beam, que M. Taylor a, de nos jours, baptisce en Angle- 
terre sous le nom de la Couvade. 

Si la province de Carajan est le Yun nan, la ville m£me de ce 
nom est Ta-li fou ; nous venons de voir que Zardandan a pour ca- 
pitale Young-tch'ang. (Test le pays situ6 entre le Lan-tsang kiang 
(Me-kong) et le Lou-kiang (Salouen). 

Ermjnjo ciujtas = $jjj , Mien, Amibn, A ami en de Marco Polo — 
Royaume diAvi ou de Birmanib. 

(Test le pays contre lequel le grand Khan lutta; on lira dans 
Marco Polo (Pauthier, p. 4o4 et suiv.) le reck de cette lutte, r£cit 
a comparer a celui des historiens chinois que jai reproduit d'apres 
la version de M gr Claude de Visdelou dans la Revue de F Extreme- 
Orient, 11, p. 73-88. 

Nous retrouverons dans cette portion de la carte : 

Chianfuy (B. , p. t4a) 

que je renonce a identifier; ceci repr^senterait Kiang fou, j£ Jflf , 
qui n'existe pas ; je suis port6 k croire que le cartographe embar- 
rass6 de K'an-fou, ^ f^, ou Kan pou, le port celfcbre de Hang- 
tcheou, jtfi #|, du Tche-kiang, fr&juente jadis par les marchand* 
arabes, l'a plac£ un peu au hasard sur ce fleuve, et 

Cjutat de cayna 
acj Jinis catayo 



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— 24 — 

an sud de laquellc se trouve (B., p. 137, XIX) une He : 

Cay nam , 

qui doit £tre Hai nan, yfe $f ; la ville n'est qu'une addition du 
cartographe. 

ITINERA1RE DU TCHE-KIAHG ET DU FOU-KIBN. 

Apres Canyo, nous avons vu, au fond d\in golfe: 
Ciutat de Camay. 

Nous commencons l'£tude d'une partie extr^mement delicate de 
la carte catalane, et nous serons perdus si nous plains les noms 
au hasard, corame Buchon ; notre fil conducteur sera le r^cit de 
Marco Polo; en le suivant, nous trouverons, je crois, notre route,, 
et, en mime temps, nous identiGerons une vingtaine de noms de 
la carte. Marco Polo est descendu du nordau sud, de Hang-tcheou 
a Tsiouen-tcheou ; aussi le cartographe ne manque-t-il pas de le 
suivre , et place plus bas Can-say que Fogo et Zayton. Buchon fait 
de 

Ciutat de Camay, Cambodia. 

Nous Tidentifierons avec Qdin say = Hang-tchbou. 

Aussi bien allons-nous faire une etude sp^ciale de cet itine>aire 
de Za'itoun a Quin-sai (Hang-tcheou); nous suivons completement, 
en sens inverse, Titin^raire de Marco Polo dans les provinces de 
Fou-kien, jg $|, et de Tche-kiang, $f ££. 

Le voici d'apres les deux meilleurs W textes, ceux de Yule et de 
Pauthier : 

ITINERAIRE DE MARCO POLO 

DANS LES PROVINCES DE TCHE-KIANG ET DE FOU-KIBN A PARTIR DE QVIN8AI. 

YULE. PAUTHIER. 

Kimay. Quin say = Hang-tcheou. 

l) Je dis meilleurs et non plus ancient; le plus ancien est ceiui publie par la 
Soci&e de gfographie, Paris, 182^1. Sauf indication contraire, c'est le texte de 
Pauthier que j'emploie dans les citations; il a eHe* public a Paris, chez Didot, 
1 865 , 9 parties grand in-8°. 



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— 25 — 

Tan-piju. Tacpiguy = Cbao-hisg-fou , t journ^e de chevauchee 

de Quinsay. 
Vuju. Viguy — Kin-hoa-fov , 3 journees de Tac piguy. 

Ghiuju. Giuguy = 1C iu-tcbbou-fou , 2 journeys de K^wy. 

Chan shan. Ciancian = Sooi'-tchang-hibn, h journeys de Giuguy. 
Cupu. Ciuguy, derniere ville de la seigneurie de Quinsay = 

Tcu'oo-tcbbou , 3 journeys de Ciancian. 
On entre dans le royaume de Fuguy. 
Ke lin/u. Que li/u = Kien-xing-fou, 6 journees de Ciuguy. 
Unken. Vuguen = Hou-kouan, 3 journees de ()we '*/"• 

/fy/t*. Fuguy = Fou-tcbboc. 

Z ay ton. Kayten =-- Hai-Tbou. 

Zayton. Qayton = Tsioubn-tcbeou , 5 journeys de Fuguy. 

Tyunju. Tiunguy = Tbk-bova , prcs de Qaylon. 

Ciutat de Camay = @f//j\r Si4K = Hang-tcbbou , |£ 'J+[.. 

J'ai d£ja dit que Buchon en faisait Cambodia; c'est probablement 
la consequence de Terreur qui lui faisait trouver le Siam dans 
Cincalan. L'importance de Quinsay aurait du attirer Tattention de 
Buchon; cette ville fut celebre entre toutes h T^poque du moyen &ge, 
et Marco Polo en a c616br6 les raerveiiles. Or il n'en est question, 
ni directement , ni indirectement, dans ses identifications. Le noni 
de Tapinguj , voisin de celui de Ciutat de Camay, aurait du lui 011- 
vrir les yeux; Marco Polo ne manque pas d^crire, comme nous le 
marquons plus bas : «• Quant Ten se part de Quinsay et on che- 
vauche une journ^e, si treuve Ten la cite de Tacpiguy qui est moul! 
grant et belle et riche. Et est sougite h Quinsay. y> On verra que de 
Tapingui nous faisons Chao-hing fou; nous sommes k notre point 
de depart du Tche-Kiang. Le cartographe ne s'est pas trompe* sur 
Timportance de la ville, puisqu'il la surmonte d'un drapeau, et 
qu'en face d'eile se trouve un grand groupe d'iles que juslifierait 
Tarchipei des Chousau. 

Cest bien la Quinsay de Marco Polo. Quinsay n'est pas un noni 
de ville, et Marco Polo a tort d'&rire : «?La tres noble cite* de 
Quinsay, qui vault a dire en francois la citi du Ciel.v Quinsay, ou 
en chinois King se, jf( gg , indique tout simplement la capitale, et 
la capitale, le King, a vari6 suivant les epoques; aujourd'hui, le 
King, qu'on appelle Pe-king, 4b ?Jj , parce qu'elie est au nord, pour 
le distinguer de Nan-king, ff| jjf , qui est plus sud, est Chun- 

M. Gordier. 4 



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— 26 — 

tien, J§( ^. A Pepoque de Marco Polo, son King, King se, etait 
Lin-ngan , B& 4£ , nom donne a Hang-tcheou par Pempereur Kao- 
tsoung, ffi ifg (1127-1162), lorsque, repousse" par ies Tartares 
Kin, ^, il transfera la capitale des Soung, $fj, de K'aifoungfou, 
M H Jfif > ^ ans ' e Ho-nan, fif |£ , dans le chef-lieu (Hang-tcheou, 
%& JH)i de la province plus me>idionaIe du Tche Kiang, $f $£ 
(voir supra). 

Marco Polo : «r Quant Ten se part de Quinsay et on chevauehe 
une journee, si treuve Ten la cite de Tacpiguy qui est moult grant 
et belle et riche. Et est sougite h Quinsay. Hz sont au grant Kaan, 
et ont monnoie de chartretes. Hz sont ydolatres, et font ardoir les 
corps mors, en la maniere que j'ay ditte dessus. Et vivent de mar- 
chandises et d'ars, et de mestiers. Et ont de toutes choses pour 
vivre k grant plants et h grant marchie.* 

Tapingui = Cbao-hing fou. 

Nous avons adopte dans notre tfyeorie, qui nous semble con- 
firmee par la pratique, la route de Fou-tcheou, Kin-ho/i, Hang- 
tcheou. Quelle est cette ville de Tapingui que Buchon traduit Tat 
ping fou, et que, suivant Marco Polo, on trouve a une journee de 
Quinsay ? La transcription de Bucbon est bieh seduisante : elle est 
celle quon est tente de faire; il y a bien dans le Tche-kiang, 
cS\ iL, un Tax-ping fou, -fa Hp )ft, mais il depend de Tai-tcheou, 
•§J1))|, qui est loin de Hang-tcheou, ifo ;J+j Jj^ ; il y a un autre 
Tai^pingfou, ^ 2p J^jf, dans le Kiting nan, ££ $j ; il est encore 
plus loin de Hang-tcheou, et puisque Marco Polo est Pinspirateur 
de cette partie de la carte catalane . il faut chercber Tapingui pres 
de Hang-tcheou. 

Yule cherchail cette ville a Fou-yang, ^ $% |$, pour des rai- 
sons toutes theoriques. Pauthier, theoriquement aussi, T.-W. Kings- 
mill, le baron de Richthofen, je puis dire moi-m6me, pratique- 
raent,enfaisons Chao-hing fou , $g j$ J^,qui est sur la vraie route, 
vers le Fou Men. Etant don nee la mission confine par Kou-bi-Iai a 
Marco Polo, il n>st pas probable que celui-ci aura pris une route 
imisitee; il faut I ou jours, dans son voyage de retour, cbercher, en 
dehors d'accidents qui ne se sont pas passes en Chine , la grande 
rovte. Chao hing est une ville toujours fort important*. 



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— 27 — 

QwfPV ^ V*g u y ~ KlN-UOA FOU. 

Le Tnen-tang kiang, qui se jette dans la mer, pres de Hang- 
tcheou, et est la principale riviere du Tche-kiang, est form6 de deux 
branches priucipales : le Tsien-tang lui-m£me et la riviere de Choun 
ngan, qui se reunissent a Yentcheoufou, fife ji\ Jft. La riviere de 
Kin-lwa, £ l|F Jfr, est Tun des deux cours dVau qui forment le 
TVten-tofig'proprement dit; 1'autre est celui de Kien-tcheou, '\% j}\ ){f. 

Marco Polo : a Autre chose n'y a |Tacpiguy] qui a conter face. 
Et pour ce irons nous avant, et vous compterons d'une autre 
cite qui a nom Viguy, qui est a trois journ^es de Tacpiguy. Hz 
sont ydolatres et sont au grant Kaan, et ont monnoie de charte, et 
sont subgiet a Quinsay. Hz vivent de marcharidises et de mestiers. 

ff Autre chose ny a qui a conter face, et pour ce nous irons 
avant. » 

Pauthier marque que cette ville se nommait, sou6 les Mongols, 
Wou-tcheou , ^£ j)\ , qui correspond au Vu ju et au Viguy des va- 
riantes de Marco Polo. Yule est obiig6 de Taccepter, et ce point de 
Fitin^raire adopts confirme ce que nous disons de la route du 
Fou-kieti et du Tche-kiang. 

Cugjn = Kid tciibou fou, ffi 'J+| Jfif . 
Buchon en fait Koutchou; c'est une transcription de Kiou-tcheou, 
et c'est une des rares identifications exactes qu'il ait faites. Pau- 
thier et Yule s'accordent sur ce point; la difficult^ sera pour l'6tape 
suivante : Ciancian, avant d'arriver a Tchou tcheoufou (Cinguj). 

Marco Polo : er A deux journ^es de cy [Viguy] treuve Ten la cite 
de Giuguy qui moult est grant et belle. Et sont au grant Kaan. Hz 
sont idolatres et ont monnoie de charte. Elle est subjette a Quinsay. 
Hz ont soie assez et vivent de mestiers et de marchandises ; et ont 
assez vivres. Et sachiez que en ceste cit6 treuve Ten les plus grosses 
canes et les plus longues qui soient en la contr^e du Mangy; et ont 
bien quatre pausmes de gros et quinze pi6s de long. Autre chose 
n'y a qui a conter face ; pour ce irons nous avant. t> 

; Siarsiau = Cian cian = Soui-tcbakq. 

J'ai h£sit£ longteraps ; j'inclinais pour TcKang-chan , % |Jj fj£ 
[Tche kiang] , dans lefou de K'iu-icheou, ^% j)\. 



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— 28 — 

Marco Polo : *Et quant op est party de Giuguy, et*on a che- 
vauchie quatre journeys par moult beau pais, ou il y a chasteaux 
et villes assez; adonc treuve Ten la cite de Ciancian, qui moult est 
grant et belle; et siet sur un raont qui part le fleuve en deux, qui 
va en la marocceanne. Elle est encore de la seigneuriede Quinsay. 
Et sacbiez que en touto la contree du Mangy, n'ont nul mouton, 
mais ilz ont cheuvres, buefs et vaches assez. lis sont ydolatres, el 
vivent de marchandises et de mestiers. Et sont au grant Kaan ; el 
ont monnoie de charte. 

ft Autre chose n'y a qui a conter face; pour ce irons avant.» 

Pauthier (Ciancian) en fait Soui-tchang Kien, ^g||, dans le 
fou de Tchou-tcheou , du Tche-kiang, et je crois qu'il a raison; allanl 
de Kittrtcheou a Tchou-tcheou , il n'y a pas de raison de remonter le 
Kiu-tcheou kiang jusqua Tchang-chan, pour redescendre par Kiang- 
chan a Tchou-tcheou, qui de toute facon obligerait 4 passer par Soui- 
tchang; il est plus naturel de se rendre directement de Kiu tcheou a 
Tchou-tcheou par Sou-itchang. 

Je souligne la remarque de Marco Polo , nont nul mouton. Encore 
aujourd'hui le Tche-kiang et surtout le Fou-kien sont tributaires du 
Kiang-sou (Chang-hai, _£ ffi) pour le mouton. Inutile de dire 
qui! n'est pas question de J^ ffi dans la cartographie europeenne 
du moyen Sge. 

Cjnguj = Tchou-tcheou fou. 

Cette ville est une dependance de Quinsay, et Marco Polo nous la 
fait connaitre : * Sachiez que puis que on part de Ciancian , et on 
chevauche trois journees, si treuve Ten la cite Ciuguy. Et sont 
ydolatres ; et sont au grant Kaan; et ont monnoie de charte. Hz vi- 
vent de marchandises et de mestiers. Et est celle cit£ belle, noble 
et riche ; et est la derreniere cite de la seigneurie de Quinsay, de 
ceste partie. Mais celluy autre royaume qui a nom Fuguy est aussi 
Tune des .ix. parties du Mangy, si comme est Quinsay. Autre chose 
n y a ; si irons avant. — Quant Ten se part de Giuguy qui est la 
derreniere cite* du royaume de Quinsay, adonc entre Ten ou royaume 
de Fuguy . . . * 

Yule, Cuju, h6site sur le choix des villes du Tche-kiang qui se 
rapportent h cette ville; je crois, au contraire, que c'est un des 
points les plus faciles a identifier. Pauthier en fait Tchou-tcheou, et 



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— 29 — 

il a parfaitement raison; la route logique, ordinaire, naturelle, de 
Fou-tcheou a Hang-tcheou, si nous ecartons, ce que nous faisons, te 
littoral et par suite Wen-tcheou et Ning-po, suit une ligne generate: 
Fou-tcheou, Kien-ning, Tchou-tcheou , Kin-hoa, Chao-hing et enfin 
Hang-tcheou. Tchou-tcheou fou , J& m Jff , est la premifere division 
que Ton rencontre en venant du Fou-kien, en laissant Wen tcheou 
sur la droite. Odoric est trfes avare de details sur son itin^raire 
entre Fou-tcheou et Hang-tcheou , mais j'ai remarqu6 (Odoric, p. 288) 
qu'il avait travers6 la region montagneuse qui separe Tchou-tcheou 
do Kin-hoa. S'ii est alle* a Ning-po (Mingio), il aura obliqu6 au nord- 
est a partir de Kin-hoa, cest-a-dire qu'il n'aura pas suivi la route 
Fou-tcheou, Fou-ning, Wen-tcheou, Tai-tcheou, Ning-po. 

Ven Hnfu = Kb l/.v fu = Kien-ning fou. 

Venant de Cinguj (Tchou-tcheou fou), nous entrons dans le 
royaume de Fa/a (Fuguy); on arrive au Quelifu de Pauthier, au 
iJTc /m/u de Yule. 

Marco Polo : <? Quant Ten se partde Ciuguy qui est la derrenifcre 
cite du royaume de Quinsay, adonc entre Ten ou royaume de 
Fuguy ; et chevauche Ten .vi. (six) journeys, par beaux chasteaulx 
et par belles villes ou il a vivres grant plants et venoissons , el 
chassoisons assez. Et ont moult de lions qui sont moult grans et 
moult fors. Et si ont gingembre et gaingal, tant que c'est oultre 
mesure. Car, pour un gros venicien d'argent, auroit Ten bien .nij. 
(quatre) livre de gingembre bon et fort. Et si ont une maniere de 
fruit qui samble saffran, qui bien vault autant en viandes comme 
saffran. Et sachiez que ilz manguent de toutes chars, et char 
d'hommes moult voulentiers, puis que il n'est mort de sa mort. Si 
que ilz vont querant ceulz qui sont occis, et manguent la chur et 
la tiennent a moult bonne. 

tf Et ont ceulz qui vont en ost une telle maniere comme je vous 
diray. Hz font rere leurs cheveuix ou front ety font poindre d'azur 
aussi comme un fer de glaive. Et si sont tuit a pie*, fors que le che- 
vetaine. Hz portent lances et sont les plus cruelz gens du monde. 
Car je vous di qu'il vont tousjours occiant hommes, et boivent le 
sang; et puis le menguent. 

«Or vous lairons de ce pour conter autre chose. 

rr Sachiez que quant 6n (est) al6 six journ6es, apres ces trois 



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— 30 — 

que je vous ay dit, on Ireuve la cite de Quelifu, qui moult eel 
grant cite et noble. Et sont au grant Kaan. Hz ont monnoie de 
charte ; et sont" ydolatres. En ceste cit6 a .nj. (trois) pons de 
pierre, les plus beaux que Ten sache ou monde. Et ont de long 
chascun bien une mille; et large bien .xx. (vingt) pies. Et sont 
tous de marbre k coulombes belles et riches. 

<r Hz vivent de marchandises et de mestiers. Et si ont soies assez ; 
et gingembre, et gaingal a grant plante. Et ont moult belles femmes. 
Et se y a une chose moult estrange qui bien fait a conter. Sachiez 
que ilz ont gelines qui nont nulle plumes, mais ont poil. Et si 
sont toutes noires ; et font oeuf corame celles de nostre pais ; et 
sont bonnes h mengier.* 

Ici aucune difficulty ; depuis le P. Martini, au xvn e siecle, jus- 
qu'a Pauthier et Yule, les commentateurs Tidentifient avec Kien- 
mw fi p "/ 0M > 3ft¥^> du Fou-kien. Nous sommes bien sur la route du 
Tche-kiang au Fou-kien ; nous verrons autre part la confusion qui 
peut s'op6rer entre Nan-king et Kien-ning fou. 

Vngvano = Unken = Yen-ping. 

Apres Ke linfu, Marco Polo : * Autre chose ny a qui & conter 
face; si compterons d'autre. Sachiez que es autres trois journees 
oultre etplus .xv. (quinze) in Hies, treuve Ten une cite qui a nom 
Vuguen, en laquelle on fait grant plants de sucre. Ilz sont ydo- 
latres et ont monnoie de chartretes. 

* Autre chose n'y a qui a conter face. Si d irons de la noblesce de 
Fuguy. 7* 

Pauthier en fait Hou-kouan, $£ ^, que naccepte pas Yule qui 
en fjait Min-tsing Kim, f$ % |£; Yen-ping fou, JiE 3* Jft , est infi- 
niment plus probable, car cette ville est sur la route de Fou- 
tcheou; on descend de Kien-ning, qui est au confluent de la riviere de 
Soung-ki, fe g| Jl, et de la rivifere de Pou-tchmg, fjg ft Jg. De 
Kien-ning, on descend le fleuve jusqu'a Yen-ping, JiE^Jjfr, au 
confluent des rivifcres de Kien-ning, jfr l£ fff, et de Chao-wou, 
$> 5£ )ff ; de Yen-ping fou, ou se forme en r£alit6 le Min, par la 
reunion des autres cours d'eau, on n'a qa^ descend re jusqu^ Fou- 
tcheou, la ca pi tale de la province du Fou-kien. Cette partie de Titi- 
n£raire me parait fort claire, d'autant plus que le nom de Yen- 



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— 31 — 

ping fou a 6te* repris sous la dynastie des Ming, flfj, et que le* 
voyageurs du ih° et du xin e siecle employaient probablement en- 
core le nom des pr6de>esseurs des Mongols Youen, les Soung, 5fc? 
k i^poque desquels Yen^ping se nommait Nan-kien, ]£ |(ij, qu'il 
est facile de transformer en Unken, etc. 

Fogo, Fugujy Fugu = Fou-tchbou. 

Quand on quitte Zatto&n, soit Tchang-tcheou , soit Tsiouen-tcheou , 
on arrive, en remontant la c6te vers le nord, a rembouchure du 
Min kiang, f$ ££ ; c'est sur ce fleuve que se trouve Fou-tcheou. 
jpg j)\, capitate actuelle de la province du Fou-kien, jjjg $fr. 

(rest ce que marque Marco Polo en sens inverse : <r Or sachiez 
que quant Ten se part de Fuguy, et Ten a passe le fleuve et che- 
vnuchic cinq journees par moult beau pays, a done treuve 1'enia 
cite de (layton qui moult est grant et noble, et est subgecte au 
Fuguy . . . » 

Buchon n'a pas identifie Fogo et devant Fugui il a marque 
Foukingtchou, qui n'existe pas et qui est peuMtre une erreurpour 
Fou-ning tcheou, jjjg £ #| , dans ce m£me Fou-kien; mais il ne s'agit 
pas de Fou-ning tcheou, mais de Fou-tcheou. M. Geo. Phillips iden- 
tifiait Tchang-tcheou avec Zaitoun, et Ton sait que nous sommes 
assez dispose a nous rallier a son avis, mais il cherche a com- 
pleter sa th&irie : Tsiouen-tcheou le g6ne et il veut en faire, sans 
aucune raison, Fuguj, qui est Fou-tcheou. 

Marco Polo avait visile cette ville : ft Or sachiez que ceste cit£ 
de Fuguy est la clef de ce royaume, et appelle Ten ce regne 
Chonka, qui est aussi une des .ix. parties de la contr£e de Mangy. 
F*n ceste cite* fait Ten grans marchandises et grans mestiers. Hz 
sont ydolatres et sont au grant Kaan. Et y demeurent grant quan- 
tity de gens d'armes du grant seigneur, pour ce que li royaumes 
soit bien gardes. Car ceste cit6 est acoustumee de soy reveller le- 
gierement. Et sachiez que parray ceste cit6 s'en va un grant fleuve. 
qui est bien larges une mille. On fait en ceste cite* grant quantile 
de sucre; et si y fait on grans marchandises de perleset depierres. 
Car pluscurs nefs de Ynde y viennent qui amenent moult de 
chieres marchandises. r> 

Odoric de me'me : «r De ceste contree m'en alay vers Orient eu 
une ville qui a nom Fuzo, qui a bien trente milles de tour. En telle 



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— 32 — 

ville treuve on cocs plus grans que en nul autre pais. Les gelines 
y sont aussi blanches com me nege et n'ont point de plume comme 
les nostrcs, mais ont laine comme moutons.* 

Odoric nous fournit les variantes : Fuzo, Fucho, Fuko, Fuco. 
Fuc , Fozzo , Foggia , Fluzo , Suctio , Sucho. 

Zayton, Ctutat db Zayto.v = Tsiovbn-tcbbou? 

OU TciJAXG-TCHBOU? 

Buchon marque Zayton = Canton; Ctutat de Zayton = ViVe dt 
Canton. 

Nous sommes ici dans le port du Fou-kien, jjjg jjt, c61fcbre au 
moyen age sous le nom de Zai-toun, par consequent au nord de la 
province de Canton (Kouang-toung , Jjj| Jg). 

(Test le (Jayton , Sarcon , Sartam , Zaitem , de Marco Polo ; le 
Cartan, Catan, Zayton , Zaiton , Zaycon , Zaton, Zanton, Zataiton, etc., 
d'Odoric. Les Arabes y faisaient un grand commerce, et /in Zfa- 
toutah, IV, p. 268-269, declare que fie port de Zeitoun est un des 
plus vastes du monde; je me trompe, c'est le plus vaste de tous 
les ports". (Test de cette vilie que venait le satin : trC'est une ville 
grande, superbe, ou Ton fabrique les etoffes damassees de velours, 
ainsi que ceiles de satin , et qui sont appel£es de son nom zettou- 
niyyah; elles sont superieures aux etoffes de Khama et de Khan- 
batik.* Zaitoin etait aussi appele Schindjou, et vcut dire olive ; cVst 
le^chinois Tse t'oung, $( fiO {Bignonia tomentosa). Mais quest Tse 
t'oung? Tsiouen-tcheou, J§i #| Jfr, ou Tchang-tcheou , f$. ji\ J|J. J'ai 
longtemps defendu la theorie de Tsiouen-tcheou avec Klaproth, 
Lazari, Yuleet Bretschneider, contreMarsden, qui est pour Amoy, 
ce qui est impossible , et contre le cardinal Zurla, le r6v6rend Cars- 
tairs Douglas et le consul anglais Geo. Phillips, qui d^fendent 
Tchang-tcheou ; ]ai resumi le pour et le contre dans mon Odoric, en 
tenant pour Tsiouen-tcheou; depuis lors, M. Phillips a, dans le 
Toung Poo, rendu les preuves egales; je serais hesitant encore au- 
jourd'hui, quoique MM. Douglas et Phillips eussent le grand avan- 
tage d'avoir etudi£ pendant plusieurs anneesla question sur place, 
ce que Ton ne peut faire en passant, si Timportance linguistique 
de Tchang-tcheou ne venait pas peser d'un grand poids dans la ba- 
lance. On sait quelle est la vari6te des dialectes du Fou-kien dont 
presque chaque ville, Fou-tcheou, Tchang-tcheou, Tsiouen-tcheou, 
Amoy, etc., ont le leur; mais cest le dialecte de Tchang-tcheou qui 



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— 33 — 

s'est le plus repandu au loin ; c'est lui qui est parte dans toutes les 
Indes n6erlandaises, et qui est la base du grand dictionnaire de 
lancien interpr&te officiel a Batavia, le D p G. Schlegel, de Leyde. 
Et ce dialecte prouverait que les Chinois sont arrives dans les lies 
de la Sonde beaucoup plus tot qu'on ne le croit g6n6ralement, car 
ils ne d£signent pas la Chine sous le nom ordinaire de *f* gjj , 
Tchoungkouo, empire du Milieu, mais sous celui de Tangchan, 
J|£ |1], du nom de la dynastie qui r^gnait en Chine de 618 a 907 
de notre fcre. (Voir supra.) 

Tchang-tcheou femporte aujourd'hui sur Tsiouen-tcheou , et Yule 
qui, a la fin de sa vie, 6tait perplexe devantles attaques r£it£r6es de 
Phillips, c6derait probablement, comme je suis oblig£ de le faire 
aujourd'hui, en abordant la question philologique qui ne Tavait 
pas et6 jusqu'ici. 

Sur la carte catalane, nous ne retrouvons ni le Kay-teu, ni le 
Tiunguy de Marco Polo, de Pauthier. 

On remarquera que dans cet itin^raire de Hang-tcheou (Quin 
say) a Fou-tcheou, je laisse a Test Mingio = NiNG-Po y dans le Tche- 
kiang: 

Mingio = Nim-bo y $ gfc Jj^\ 

Mingio n'est pas identifi6 par Buchon ; Marco Polo n'y est pas 
pass6 — car il est parti de Hang-tcheou pour Chao-hing, et de 
Chao-hing pour Kin-hoa en route pour le Fou-kien — si la vilie est 
identifi^e avec Ning-po. Le nom est pris d'Odoric : « A x milles de 
ceste cit6 droit au chief de la riviere Thalay, le tr&s grant fleuve 
susdit, est une autre cit6 qui a nom Mente. Ceste cit6 a b plus 
grant navire du monde et toutes leurs nefs sont blanches comme 
se elles fussent peintes. En ces nefs a moult beaux hostelz et si 
bonne ordennance de chambres et de toutes autres choses que nulz 
horns pourroit deviser. Ces nefs sont si grans et en si grant multi- 
tude que cc semble impossible a croire.a Les variantes de Mente 
sont : Menzu, Mezu, Mency, Mensy, Mencu 9 Menchu, Montu, Meugu 
pour Mingio = Ming tcheou, flfj #|. 

Yule pense qu'il s'agit de Ning-Po, aujourd'hui un des ports ou- 
verts au commerce Stranger dans le Tche-lciang, jadis trfcs fr6quente 
par les Persans. VEncyclopidie des Trots Royaumes cite 6galement 
des hommes de Ming-tcheou: * Jadis des hommes de Ming-tcheou 

M. Cordier. 5 



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— u — 

(le Ning po moderne) reneontrerent en voyage une temp4te. . . 

«AiAfiHHi.fB|#| A &##**... (Cf. G. 
Schlegel, ToungPao, IV, oct. 1893, p. 366). » Mais Ning-po , £ #, 
portait ce nom de Ming-tcheou, B$ 4+j , sous la dynastie des Tang; sous 
les Soung, Ie nom £tait K'mg-youen, j£ %; le nom de Ning-po fut 
continue sous les Mmg\ Mais Odoric avait d£pass6 ie Kiang, ££, et 
la grande ville de Yang-tcheou, f% j\\ , par consequent il a quitt£le 
Tche-kiang et se trouve dans le Kiang-sou quand il parte de Ming- 
tcheou. D'autre part, Odoric va de Quin-sai k Nan-king, que n'a pas 
vu Marco Polo, et de Ik k Yang-tcheou; il arrivait par terre de 
Foiirtcheou a Quin-sai. Faut-il admettre qu'il soit alI6 tout d'abord 
a Ning-po et de \k k Quin-sai, la chose est possible puisqu'il tra- 
verse un «r tres grand fleuve* , qui est, je pense, le Tsien-tang kmng , 
IS $|£ it 1 qui lui permettrait de se rendre a Ning-po; alors il se 
rend de Ning-po a Hang- tcheou, par Chao-hing; on remarquera que 
Marco Polo va directement de Kin-hoa/ou k Chao-hing et k Hang- 
tcheou, laissant Ning-po sur la gauche, son itinera ire 6tant en 
sens inverse de celui d'Odoric. II faudrait alors admettre qu'il y 
a eu interpolation dans tous les manuscrits d'Odoric, qui nc 
parte de Mingio qu'apres avoir pass6 et Quin-sai et Yang-tcheou. L<» 
passage d'Odoric : fr A x milles de ceste cit6 [Yang-tcheou] droi! 
au chief de la rivifere Thalay, le trfes grant fleuve susdit, esl uno 
autre cite qui a nom Mente*, m'a fait penser (Odoric, p. 362- 
363) qu'il s'agissait de Tchen-kiang, |£ ££, au confluent du Kiang, 
jT£ , et du canal imperial. Mais Tchen-kiang n'a pas change de nom 
depuis les Soung. Etant donn£e Timportance to u jours grande de 
Ning-po k toutes les £poques, admettons qu'il y a une interpola- 
tion dans les textes, et que cette ville est Ming-tcheou; la chose 
n'etait pas douteuse, s'il n'y avait pas interpolation. 

Apr&s Zaitoun, Marco Polo passe k Tiunguy ; il marque : tnNous 
ne vous avons conte des . ix. (neuf) royaumes du Mangy que des 
ftrois : c'est Quinsay, Yanguy et Puguy. Des autres . vi. (six) 
royaumes vous en sari on s nous bien conter; mais trop seroit longue 
la matiere; si nous en tairons atant.* 

Et aprfes il quitte la Chine (le Cathay et le Mangy) ; puis le Ve- 
aitien passe aux Indes, dit-il, et nous parte du Japon (Zi pan 
gou), etc. Nous lavons mentionn£ k la page 9. 



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— 35 — 

VILLES DIVERSES. 
Cincalan = Canton. 

Buchon marque Cincalan = Siam. 

C'est la vilie si bizarrement orthographiee dans les variantes 
des manuscrits du voyage d'Odoric : Tesculan, Censcalan, Censcalam, 
Cemscatdan, Censcolan, Cen&kakn, Ceuscala, Conscala, Tescol, Tasca- 
lan, Teschalan, Senstalay, Soustalay. 

*La premiere cite ou je entray [dans la contree de Mangi], dit 
Odoric, a nom Tesculan; elle est plus grant que la eit6 de Venise 
in fois, et siet a une journ^e de la mer sur un fleuve si grant et si 
roidde que il monte tout contre la mer et cuert dessus la mer bien 
a xu journees en bus de la terre dont il vient. Ceste cit6 a si grant 
manure que nulz ne Toseroit croire.* 

Nous avons montr6 que Cincalan (Odoric, p. a56), c'cst-a-dire 
Sin Ktldn, ^J^US"^*^, etait le nom que les Arabes et les Persans 
donnaient a Canton, en m'appuyant, en dehors de mes recherches 
personnelles, sur les temoignages de Reinaud, deDefrfonery et de 
Yule. A la suite de difficult^, les Arabes et les Persans transpor- 
terent leur principal 6tablissement , au ix° siecle, de Canton a 
Kalah, dans la presqu'iie de Malacca. Quand les Portugais arrivfc- 
rent a Canton, en i5i6, au lieu dedonnera la ville son veritable 
nom chinois Kouang-tcheou , jg| j^\ , ils d^rivferent lenom de Canton 
de la province dont elle est la capitale, le Kouang-toung , JH )JC« 
Marco Polo n'a pas connu Canton. 

Canton est une des trois grandes villes de Chine que n'a pasvi- 
sitfos Marco Polo; les deux autres sont Ning-po et Nan-king. La chose 
est peu surprenante pour Canton et Ning^po. 

Marco Polo, en effet, comme nous Tavons vu, se rend directe- 
inent de Hang-tcheou a Chao-hing, laissant Ning-po sur sa gauche ; 
quant a Canton , il n'y est pas pass£, puisqu'il s'est enibarqu6 dans 
un port du Fou-kien; en revanche, il est fort etonnant qu'il ne 
parle pas de Nan-king (Kiang-ning), peu eloign^ de Yang-tcheou, 
dont il fut gouverneur pendant trois ans. II est probable qu'il aura 
etede Yang-tcheou, soit directement par terre, a Ngan-king, 4j£ £ 
Jflf (les deux villes sont sur la rive gauche du Kiang), soit par 



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— 36 — 

bateau, en descendant le canal et passant devant Kiang-ning sans 
s'y arr&ter. 

En revanche, Odoric a visit e ces trois villes, et quoique je sup- 
pose que la designation de Mingio (Ning-po) soit tiree de iui, 
Tabsence du nom de Kiang-ning (Nan-king) pourrait me faire 
croire qu'il a 6t£ oubiie du g£ographe Catalan qui a pu tirer le 
nomde Cencalan (Canton) de sources arabes et Ning-po m^med'une 
source que je ne retrouve pas. Marco Polo et les g^ographes arabes 
me paraissent done jusqu'a plus ample information a peu prfcs les 
deux seules sources auxquelles ait puise Tauteur de la carte. 

CHAN BALECU ^ Khas Baliq, jJL ^Lw, ville du Khin 
= Pe-kisg. 

(Test la seule capitale des conqu^rants mongols de la Chine, de 
la maison de Tchinguiz Khan, a partirdu cinquifeme grand Khan, 
K'oubilai, qui fut en mime temps le premier empereur effectif de 
la dynastie des Youen en Chine; les autres grands Khans, Tchin- 
guiz, Ogotai, Couyouk et Mangou n'etant considers que corame 
des annkres de la dynastie chinoise. Auparavant, la capitale des 
Mongols etail Kara Koroum , que los Chinois appelaient Ho-lin , ft ft , 
qui devint Ho ning, ft $, a la moil de Koubilai. En ia35, sep- 
tifenie annee du regne d'Ogotai', Ho4in fut entoure de remparlspar 
ordre imperial. Abel Remusat pla^ait Ho-lin ou Kara Koroum a Kara 
balgasoun, ancienne capitale des Ouigours, c|ui est plus nord et 
hiir une autre rive de YOrkhon que Erdeni Tchao. Erdeni Tchao ost 
pres de la rive droite de YOrkhon , entre co fleuve et le Kokchin 
(ancien) Orkhon (voir supra). D'aecord avec M. Axel Heikel et 
d'aulres savants russes charges de missions dans la region dc 
YOrkhon, je considere, contrc 1'opinion d'Abel Remusat, qui pre- 
nait la capitale des Ouigours, qui etait Kara balgasoun, pour le Ho- 
lin de la dynastie des Mongols , que le veritable emplacement de 
Ho-lin n'est autre que celui de V Erdeni Tchao. Deja au win* sieclo, 
le P. Antoine Gaubil, dans un travail que nous indiquons plus 
haut, avait fait des recherches imporlantes sur Ho-lin , qui ont 
conserve tout leur prix ^ujourd'hui. Ce n'est pas la premiere fois 
que les observations modernes viennent pleinement justifier les re- 
marquables travaux geographiques des missionnaires j^suites de 
Pe-king au win* siecle. Les observations faites au courant de Ye\- 
pedition du comte Bela Szechenyi ont montre, par exemple, que. 



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— 37 — 

dans la province chinoise du Kan- sou, les relev£s des J6suites 
etaient plus exacts que les rectifications de Prjevalsky. M&me hom- 
mage est rendu aux cartographes europ6ens de Tempereur K'ang- 
h'i, par le D r Wegener, dans le m6moire Nord-Tibet und Lob-nur- 
Gebiet in der Darstellung des Ta-Thsing I-tung Yu thu, ins6r6 dans 
la Zeitschri/t der Gesellschaft fur Erdkund* de Berlin, 1893. 

En ia64, K'oubilai transfera la capitate a Yen-King, p8jj3£,qui 
etait la capitale des Tartares Kin, ^, qui avaient refoule la dy- 
nastie chinoise des Soung, 5£, k Hang-tckeou, jfc ^t|, du Tche- 
Kiang, #jf ££. Les Mongols etablirent leur domination en Chine 
sur les mines des deux dynasties Kinet Soung. En 1267, K'oubilai' 
•batit Khan bdliq au nord-est de la capitale des Kin. On sail 
qu'aprfes la chute des Mongols, en i368, la capitale de i'empire 
fut transport^ par la dynastic chinoise des Ming, BJj , h Kiang- 
mw #> Jl?i q u i devint la Cour du Midi : Nan-king, $} JjJ. Ce ne 
fut que sous le troisieme enipereur Ming, Yong-b, $£$£, que la 
capitale de Tempire, au commencement du xv e si&cle, fut trans- 
feree k nouveau prfcs de Templacement des anciennes capitales des 
Kin et des Mongols, et qu'elle prit le nom de Cour du Nord, Pe- 
king, jfc Jyf , qu'elle a conserve jusqu'a nos jours. (Voir supra.) 

La legende qui se trouve pros du nom de Khdn bdliq donne des 
renseignemenls sur Tetendue de la ville, sur ses douze porles, sui* 
la cloche. Ces renseigriements sont puis6s,d'une fa$on absolue, dans 
Marco Polo, qui dit: r Elle est si grant comme je vous conteray ; 
car elle a de tour . xxmj . milles. Cest que en chascune esquarrie 
a de face six milles ; car elle est toute quarr^e tant d'une part 
comme d'autre. Et est toule muree de murs de terre, qui sonl 
gros dessouz bien dix pas ; mais ne sont pas si gros dessus comme 
dessouz, car il vont touz jours en estrecant; si que dessus sont 
gros bien entour trois pas, et sont tuit quarnele. Les quarniaus 
Hont blans; et ces murs sont haus plus de dix pas. Elle a douze 
portes, et sur chascune porte a un grant palais moult bel. . . » Et 
plus loin : «rEt a ou milieu de la cit6 un grandisme palais auquel 
a une grant campane qui sonne la nuit; que nul n'aille par la 
ville depuis que elle aura sonn6 trois fois ; car nus depuis n'y ose 
aler, senon pour besoing de fern me qui travaille d'enfant, ou pour 
besoing de gens malades. Encore ceus qui ce vont , si convient que 
il porte lumicre avec eulx. Et si vous di que il est ordonn6 que 
chascune porte de la cite soit gard^e de mille hommes armez. Et 



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— 40 — 

terre et ont roy par eulx et langaige aussy. Hz sont ydolatres et 
font treu, au grant Kaan, d'oliphans, chascun an; et autre chose 
ne lui donnent que oliphans. Et vous diray pourquoi ilz font re 
treu ...* 

Perbalech = Brcn bauq = Ouroumtsi. 

Je hasarde cette hypothfese avec beaucoup de timidity. Balech, 
dans Perbalech, com me dans Chambakch, repr&ente jaH?, bdliq, 
ville ; le pr^fixe Per in embarrasse. Je ne trouve que Bich bdliq, fort 
importante au xm e sifecle , qui reponde a peu pres a ce nom et qui 
ne paralt pas 6tre autrement indiqu£e sur la carte catalane. Bich 
bdliq = Pei-ting ton houfou , :|t jg| %R f$ Jft = Ouroumtsi , jg \\ jt\ . 

Nepul = Nepal? 

11 m'est impossible de mettre Nbpal en face de ce nom sans un 
point d'interrogation , car, a ma connaissance , ce pays ne me pa- 
ralt pas avoir 6t6 visits par des voyageurs europ^ens au moyen age. 
rimite en ceci la discretion de Buchon qui marque Nepaulf Le 
Nepdl, qui etait rest6 ind6pendant des sou vera ins de Delhi, fut 
ronquis, en t323, par un prince (TOudh, Hari Singh; le premier 
empereur Ming, Hfj , Houng wou, envoya un bonze, en i38&, 
dans ce pays que les Chinois d£signaient sous le nom de Ni-ba-la, 

Piginea. 

Au-dessous, des hommes luttant contre des grues, avec la le- 
gende : *Ici naissent des hommes petits qui n'ont que cinq palmes 
de hauteur, et, ainsi soit qu'ils sont petits et incapables de faire 
des travaux de force, ils sont cependant aptes et habiles a tisser et 
a garder du betail. Et sachez que ces hommes , des quils ont at- 
teint douze ans, dhs cet age ils engendrent, et ordinairement vi- 
vent jusqu'a quarante ans, et ne sont pas tr&s heureux. lis se de- 
pendent vaillamment des grues^ les prennent et les mangent. Ici finit 
le pays du seigneur du Catay. * 

H est int^ressant de rapprocher de cette l^gende le passage sui- 
vant d'Odoric de Pordenone, p. 346-367 M : 

W Les voyages en Asie, au xi? - siecle, du bienheureux frere Odoric de Porde- 
none, religieux de Saint-Francois, publics avec une introduction et des notes par 
Henri Cordier. . . , Paris, Ernest Leroux, 1891, in-8°, p. xit-cltiii-6o«. 



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— At — 

t-Ces Pymains sont petite gent. Ilz n'ont que hi espans de long. 
Hz sont belz et gracieulx selon leur grandeur; tous homines et 
femmes ilz se marient et ont enfans au vi° mois de leur nativite et 
vivent vi ans de tout le plus. Les grans gens qui avec eulx habi- 
tent, se ilz ont enfans en ce pais la, leurs enfans devenront du lout 
semblables a ces Pymains qui sont si petitz comnie dit est, et pour 
ce sont ces Pymains en si grant nombre et en si grant multitude 
que c'est merveilles. Ces Pymains ont tousjours guerre aux grues 
et aux cygnes du pays qui la sont plus grans que les Pymains. Et 
sou vent en Tann^e s'en vont ces Pymains k trfes grant ost et a trts 
grant multitude contre ces oyseaux et se combatent a eulx aussi 
cruelment et aussi mortelment comme nulle autre grant peuple ou 
monde se combatent les uns aux autres. En ceste cite, les Pymains 
ne labourent point les terres ne les vignes ne telz fortes labeurs, 
mais ilz font le meilleur ouvraige de coton que on teinst ou monde, 
— et si ont en leurs citez grandes gens qui labeurent les terres et 
les vignes et font les autres grandes labeurs ; de ces grandes gens 
se truffent ces Pymains ainsi que nous faisons en ces parties des 
gens qui sont grant oultre mesure de raison. Le grant Cbaan 
[fait] garder ces Pymains trfes soingneusement et fait leur ville 
garnir de tous biens a trfcs grant habundance. Ces Pymains sont 
autrement nommls Bidun. lis sont droitement gens visans raison 
comme nous^.* 

11 ne me reste que trois mots sans explication : Canyo, B., 
p. i4a ; Fusam, B.^p. \l\*;Fug%Q, B., p. i&5, qui, d'ailieurs, me 
paraissent faire double emploi avec d'autres noms. 

SUMATRA ET LES iLES. 

Ilia Taprobana = Sumatra. 

Tastu, p. 1 38, a raison de dire traujourd'hui Tile de Sumatra*, 
mais il a tort de la marquer «la Taprobane des anciens*, et sur- 
tout de dire dans ses notes : frOn le voit, je n'adopte pas ici le 
sentiment de savants tels que d'Anville, Gosselin, Barbie du Bo- 

lI) Cf., outre Odorie, Let Pygm&t, par M. de Quatrefages. Paris, 1887, in-12, 
p. ? 1 1-35 a. — Paul Monceaux, Rtxme hittorique, sept.-oct. 1891, p. 1-6A. — 
J. Van den Gheyn, S. J., fton* d*$ quntion$ tcitntifiqutt , 11* se>., t. VII, p. 3i 
a 5i. 

If. Confer. ' 6 



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— 42 — 

cage, MM. le baron Walckenaer et Huot, continuateur de Malte- 
brun, lesquels veulent que 1'antique Taprobana ne soit autre que 
Hie Ceylan ; je me range du cot6 du g6ographe Catalan . . . * 

Tout le mondesait aujourd'hui qu'ily a eu deux Taprobane, celle 
des anciens, Ceylan, et celle du moyen age, Sumatra, de m£me 
qu'ii y a eudeux Java, Java mineure, cette m6me Sumatra, et Java 
majeure, Java mimo. 

Marco Polo nous dit qu'a Java mineure il y a huit royaumes et 
huit rois couronn6s; ces royaumes sont ceux de Ferlec, Batman, 
Samara, Angrinan, Ijimbry f Fansur, et deux autres non citfe par 
le V6nitien. Nous retrouvons 6galement six villes dans la carte ca- 
talane : Melaro, Dinloy, Menlay, Hormar, Leroa, Malao. 

La l£gende au-dessous de Malao : 

Aquesta ciutal es deserta per serpentes. 

Je ne trouve rien dans Marco Polo qui se rapporte a ce fait. En 
revanche, la figure de Elephant est bien justifi6e par la phrase : 
rllz ont oliphans assez et unicornes. . . * 

La longue 16gende au-dessus marque : t L'lle Taprobane (Su- 
matra). Gette ile est appel^e Magno-CauKj ; c'est la derni&re qu'en 
rencontre en Orient. Elle est habitee par des bomme9 bien diflfe- 
rents des autres. Sur quelques montagnes de cette He, il y a des 
hommes d'une grande taille, c'est-a-dire de douze coud6es, com me 
des geants, trfes noirs et d^pourvus de raison. Hs mangent les 
hommes blancs etrangers, quand ils les peuvent attraper. Chaque 
annee, dans cette ile, il y a deux 6t$s et deux hivers. Les arbres et 
les herbes y fleurissent deux fois Tan. C'est la dernifere tie des 
Indes. Elle abonde en or, argent et pierres precieuses. * 

Tastu, p. 139, explique Magno-Caulij : « Magna Cavillatio : lieu 
ou vous eHes trompfo, ou sont de grands trompeurs, Magni Ca- 
mlli?y> L'anthropophagie nous est confirmee par Marco Polo. 

Trfes au nord de Taprobane : 

Ces hommes-ci sont des sauvages qui vivent de poisson cm , et boi- 
vent teau de la mer, el vont tout nus. 

Beaucoup des lies de la partie nord-est de la mer du Japon ren- 
ferment des ichthyophages, mais je ne puis donner un nom spe- 
cial a rhomme repr^sente dont la barbe rappelle les Ainos. 



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— 43 — 

La legende au nord-ouest : 

Dans la mer des Indes sont y,5&8 ties dont nous ne pouvons de- 
tailler id les merveilleuses richesses renfermies en elks, aussi 
bien a" or el d* argent, que d y Spices et de pierres precieuses, 

u'estqu'une abr^viation du passage suivant de Marco Polo (p. 5&9- 
55i): 

* Sachiez que ceste mer, ou sont ces isles de ceste part, s'apelle 
la mer de Cim, qui vault a dire : la mer qui est contre le Mangy. 
Car, ou langaige de ces isles, quant il dient Cim, c'est-a-dire : le 
Mangy. Et si vous di que en ceste mer de Cim qui est au levant , 
si comme dient les pescheurs et les saiges mariniers de ceste con- 
tr£e, il y a . vii. mille quatre cens .lix. (7,459) isles, la oil 
lesdis mariniers vont; et pour ce le scevent ilz; car ilz ne font 
autre chose que naigier par la mer. Et si vous di qu'il n'y a nulle 
de ces isles ou il n'ait arbres moult bons et de grant oudour; si 
comme de lingaloel, et encore meilleur; et si y a aussi moult de 
manieres d'espices. Et vous di que en ces isles naist le poivre 
blanc comme noifs a moult grant plants. Si que c'est grant mer- 
veille des richesses qui y sont : d'or, de pierres et de toutes espi- 
oeries. Mais elles sont si loings de terre ferme que a grant paine y 
puet Fen aler. Et quant les nefs de £aiton et de Quinsay y vont , 
ilz en ont moult grant gaain et moult grant prouffit.* 

Mer des ties de Vlnde ou sont les epices. Dans cette mer naviguent de 
nombreux vaisseaux de differents peuples. On y trouve deux esphces d"un 
poisson qui sappelle sxjrhne : Vune est moiue 1 femme et moitU poisson , 
/' autre moitie 1 femme et moitie* oiseau. 

Nous Hsons dans le Lwre des merveiUes de tlnde, p. 3o et suiv. : 

ff Je partis sur un grand navire a moi , nous dirigeant vers Tile 
de Fansour. Lie vent nous pou9sa vers une baie ou nous demeu- 
rames trente-trois jours dans un calme plat, sans un souffle de 
vent, tranquilles sur la face de la mer; et nos sondes ne trou- 
vaient pas de fond a mille brasses de profondeur. Mais un courant 
nous entratnait sans que nous nous en doutions, jusqu'au moment 
ou il nous amena parmi des ties. Nous gouverndmes sur une de 
ces lies. Le long du rivage des femmes nageaient, plongeaient, 
jouaient. Nous leur faisons des signes d'amiti£, en nous dirigeant 

6. 



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— hi — 

vers elles. Mais, a notre approche, elles se sauvent dans rile. Bient6t 
vinrent a nous des insulaires, hommeset feraraes qui paraissaient 
fort intelligents, mais dont la langue nous 6tait inconnue. Nous 
nous exprimons par signes et ils nous respondent de m6me. . . — 
«p Avez-vous quelque objet de commerce ? — Nous n'avons que des 
esclaves, — Fort bien. Amenez-les. . . » Et ils nous pr&enterent 
les plus beaux esclaves que nous eussions vus de notre vie , et les 
plus gais; ils cbftntaient, jouaient, foldtraient, plaisantaient entre 
eux. Leur corps etait dodu et doux au toucher comme de la creme ; 
si lagers, si vifs, qu'ils semblaient k chaque instant tout pre'ts a 
s'envoler. Seulement leur tdte 6lait petite, et sous leurs flancs 
on voyait des especes d'ailes ou de nageoires comme en a la tor- 
tue . . . Le voyage acheve , de retour dans Tlnde , nous vendtmes les 
approvisionnements qui nous elaient rested; et apres le partage, 
chacun se trouva r^duit au dixieme de son capital. Le bruit de nos 
aventures nous amena un homme tres Age originaire de ces lies. II 
avait et6 pris jeune et etait depuis demeure' dans Tlnde. Ce vieillard 
nous dit : ffLes iles ou le hasard vous a jet6s se nomment les ties 
pdu Poisson. (Test mon pays. Chez nous, lea hommes se sont jadis 
«accouples avec les femelles des animaux marins et les femmes se 
ffsont livr^es aux mAles. De ces unions naquirent des e*tres parti- 
rcipant de la nature de leur pere et de leur mere. Ces fitres se 
rrsont croises entre eux. II y a longtemps que les choses sont ainsi; 
ret nous sommes devenus capables de sojourner longuement tant 
rrsur terre que dans la mer, tenant de Thomme et du poisson W t 

He des hommes nus , dans laquelle les hommes et les femmes portent 
unefeuille par devant et unc autre par denibre.. 

Je suppose que cette I6gende fait allusion aux iles que visita 
Polo apres Java la mineure , Necouran et Gavenispola : «■ Et si vous 
di qu'ilz vont tous nuz, et hommes et femmes, que ilz ne se cueu- 
vrent de nulle riens du monde.* Odoric, p. 9o«, nous dit : trTres- 
tous y vont nuds hommes et femmes et ne portent fors uno 
touaille dont ilz cuevrent leur vergongne.* 

Peut-6tre s'agit-il des Nicobar. 

]) Livre des Merveilles de 1'Inde par le capitaiue Bozorg, fib de Chahriyar etc 
Ramhormoz. — Texte arabe public d'apres le manuscrit de M. Schefer, eollationne 
sur le manuscritde Constantinople, par P. A. Van der Lith. Traduction francaise 
parL. Marcel Devic. — Leide. E. J. Brill, 1888-1886, m-h\ 



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— 45 — 

Cjuiat de eayfka ag finis catayo, B., p. t&a, ei au sud Tile de 
Cay nam, B., p. 137. 

II m'est bien difficile d'en faire, B., p. 137, les lies Andaman. 
J'y vois plut6t la grande ile de Hat nan, J§= $§ , dans la province 
de Kouang-toung , qui est, en effet, h la frontifere de la Chine. (Voir 
supra, p. a&.) 

Ma I ana = Java. 

Tastu se trompe complement, p. i56, en en faisant Ceyian ; 
si elle est mal placee par rapport k Sumatra (Taprobana), c'est 
bien certainement pour la commodity du cartographe. La 16gende 
ne laisse aucun doute h cet 6gard : 

Dans Vile de I ana , on trouve beaucoup d'arbres , bois cTalofo , camphre , 
sandal, les ipices fines, la galanga, noix museade, les arbres de can- 
nelle qui est V Spice la plus prtcieuse de toute Vlnde ; ei la se trouvent de 
meme le mads et sesfeuiUes. 

Marco Polo nous dit : trllz out poivre noir, nois muguettes, 
garingal, cubebes, girofle et toutes autres espices*, dans la 
tr grant isle de Javva*. Odoric dictera de m&ne : *Ceste isle esl 
moult habitue et est la seconde meilleur qui soiten tout le monde. 
On y treuve les clous de giroffle, les cubebes, nois muscades el 
pluseurs autres espices qui y croissent et toutes manieres de vivres 
en tres grant habondance fors de vin. n 

Iana n'est qu'une des nombreuses variances : Fana, Jana, Iaua, 
de Java. 

VI. — CONCLUSION. 

Je pense que l'6tude a laquelle je me suis livr6 sur cette partie 
de TAtlas Catalan permet de dire quil complete, grice k Marco 
Polo, la connaissance de TAsie orientale pendant une cinquan- 
taine d'ann£es. D6crivant la Mappemonde d'Angelino Dulcert, de 
Majorque (t33<)), M. le D r Hamy dit : trC'est, comme on le voit, 
toute une representation du monde connu des Europ6ens, avant 
Marco Polo, dont le Livre des merveilles, ant£rieur d'une quaran- 
tine d'ann6es settlement, n'6tait pas encore r^pandu.^ 

Marco Polo fait prisonnier, en 1298, dans la grande bataille de 



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— 46 — 

Curzola, Mwie par Lamba Doria aux V£nitiens, dicta dan3 la 
Banque de Saint-Georges, a Genes, le recit de ses voyages; c'est 
cette dictee qui est consideree aujourd'hui comme la forme la plus 
ancienne du recit de Polo, et dont le texte a 6te publie, en 189 6, 
par la Sociiti de geographic de Paris. II est trfes probable que les 
recits de Marco Polo se sont tout d'abord rtpandus sous forme 
orale, car nous y trouvons un grand nombre d'interpolations, sur- 
tout dans le dialecte v6nitien, et plus particuliferement dans les 
relations de voyageure posterieurs, comme Odoric de Pordenone. 
II faut croire que la premiere version de Marco Polo, soil sous 
forme manuscrite, soit sous forme orale, fut longtemps avant de 
se r^pandre dans les ateliers des cartographes, je ne dis pas dans 
le monde de l^rudition ou de la curiosity, car, vers i3i5, le do- 
minicain Francesco Pipino, de Bologne, Tavait traduite en latin, 
d'apr&s ritalien. (Test la traduction de Pipino qui est la source, en 
passant par un autre intermediate italien et latin, de la premifere 
edition fran^aise imprimee h Paris en 1 556. Mais le cartographe 
de i339 ne s'en doute pas, car il ignore TAsie orientale. II ne me 
paralt pas qu'Aboulfeda, de Ham ah, mort en 1 33 1, la m&me annee 
que le franciscain Odoric, ait ete consulte, pas plus naturellemenl 
qu'lbn Batoutah, de Tanger, mort seulement vers 1378. Tout ce 
que notre cartographe dit de la Chine, il Ta pris dans Marco Polo, 
mais il n'a pas dit tout ce qui est dans Marco Polo au sujet de ce 
grand empire ; les deux ou trois mots arabes qu'il cite sont pris 
d'auteurs arabes et persans, bien ant6rieurs a Aboulfeda et a Ibn 
Batoutah. On peut considerer 1' Atlas Catalan comme la quintessence 
de la cartographie de TAsie orientale a Tepoque du moyen age. La 
route de terre par la haute Asie fut fermee d&s le milieu du xiv 8 si&cle , 
et la mission chr^tienne dlli-baliq, dans les Tien-chan t fut delruite 
en 1 342. La chute definitive de la dynastie mongole des Youen, en 
i368, fit regner successivement a Nanking et a Peking, au com- 
mencement du xv° sifecle, la dynastie chinoise des Ming. La route 
de mer, peu fr6quent6e, 6tait a peu prfes fermee. Les voyageurs 
europ6ens du xv e si&cle, Nicolo Conti particuli^rement, k Tepoque 
d'Eugfene IV, le Russe Athanase Nikilin de Tver, le Venitien Hiero- 
nimo di Santo Stefano, ajoutent pi u tot a la connaissance de Hade 
et de rindo-Chine qu'a celle de Tempire chinois m£me. II faudra 
la prise de Malacca par le grand Albuquerque, en 1 5 1 1 , pour que 
les Portugais, se r^pandant dans rExtrSme-Orient, transformed nos 



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— 47 — 

connaissances acquises au temps des Mongols. Les Portugais arri- 
vent a Canton en 1 5 i 4 ; ils ne p6n6trent que plus tard dans Tin- 
terieur du pays; Tun des pilotes d'Albuquerque , Francisco Rodri- 
guez, elfcve de Pedro Reinel, nous marque dans son Portulan, 
public par Santarem, la route de Peking entre i5a& et i53o. 
sans que la source precise de ses renseignements nous soit donnee. 
Nous avons de la sorte un document int6ressant qui nous per- 
mettra de trouver un lien entre la connaissance de la Chine au 
moyen age et de la Chine moderae : ce sera Tobjet d'uae autre 
6tude. 

Henri Cobdi*h. 



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— 48 



TABLE. 



I. I/Atlas Catalan de 1875 3 

II. Importance de FAtlas Catalan pour F&ude de FAsie orientale 5 

III. Necesaite d'une nouvelle 6tude de la g^ographie de FAsie dans FAtlas 

Catalan 8 

IV. Teite de FAtlas Catalan relatif a la geographic de FAsie orientale 9 

V. Commentaire geograpbique 1 8 

Itin6raires de Marco Polo : 

Itineraire d'aller 18 

Itineraire de FOuest 90 

Itineraire du Sud-Ouest si 

( 

Itineraire du Tcht-kiang et du Fou-kien 96 

Villes diverges 35 

Sumatra et les ilea 4 . 01 

VI. Conclusion 45 



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